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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRE IV.


Terre et dans les végétaux la puissance que nous appelons nature dans notre âme, il faut examiner quelles sont les conditions de la sensation.

Sentir, c’est percevoir les qualités inhérentes aux corps et se représenter leurs formes. La sensation suppose donc trois choses : l’objet extérieur, la faculté de connaître qui est propre à l’âme, enfin l’organe qui joue le rôle de moyen terme entre deux extrêmes, éprouvant une affection passive analogue à celle de l’objet extérieur et transmettant ensuite à l’âme une forme. L’âme ne peut donc sentir qu’avec le concours du corps. Mais, n’eût-elle pu besoin de ce concours, elle ne sentirait pas si elle n’était pas unie à un corps, parce que c’est pour lui seul qu’elle a besoin de connaître les objets extérieurs, et que, livrée à elle-même, elle se bornerait à contempler le monde intelligible.

Il en résulte que le Monde, n’ayant rien hors de lui, n’a rien à percevoir : il ne peut avoir que le sens intime de lui-même. Quant à ses parties, rien n’empêche qu’elles se sentent les unes les autres sans avoir d’organes. C’est ainsi que les âmes des Astres peuvent posséder l’ouïe et la vue ; cependant, elles n’ont pas besoin de ces deux sens pour connaître nos vœux : elles les exaucent par la sympathie qui nous unit à elles. Quant à la Terre, l’Âme qui lui communique la vie doit posséder des espèces de sens sans avoir cependant d’organes : aussi attribue-t-on à la Terre une Âme et une Intelligence, qui sont désignées sous les noms de Cérès et de Vesta.

3o Appétit irascible. (XXVIII) L’Appétit irascible a pour origine, comme l’Appétit concupiscible, la constitution du corps qui reçoit de l’âme la force vitale appelée nature. Il a pour siége le cœur, tandis que l’Appétit concupiscible a pour siége le foie.

4o Puissance végétative et générative. (XXIX) Quand l’âme quitte le corps, la force vitale qu’elle communiquait au corps abandonne celui-ci et remonte à sa source, comme la lumière remonte à sa source quand le soleil disparaît[1].

Quatrième question. Quelle est l’influence exercée par les astres ?

(XXX-XXXI) Les facultés qui ont été précédemment accordées aux astres suffisent pour expliquer l’action qu’ils exercent : car cette action n’est point l’effet de leur volonté ni de leurs propriétés physiques, mais de la constitution générale du monde.

(XXXII-XXXIII) Le Monde est un grand Animal, dont l’Âme universelle pénètre toutes les parties : par son unité, il forme un tout sympathique à lui-même. Si l’être qui pâtit a une nature analogue à la nature de celui qui agit, il éprouve du bien ; dans le cas contraire, du mal. Les dispositions particulières de ces êtres sont d’ailleurs régies par l’ordre universel, comme, dans un chœur, les diverses attitudes de chaque danseur sont déterminées par la figure générale qui règle tous les mouvements particuliers.

(XXXIV-XXXVII) C’est par son corps seulement que l’homme subit l’influence des astres[2]. Cette influence dépend à la fois des figures que ceux-ci

  1. Voy. ci-après Jamblique, Traité de l’Âme, § V, p. 636-637.
  2. Pour la doctrine de Plotin sur l’influence des astres, Voy. les Éclaircissements du tome I, p. 464. Olympiodore résume dans ce dilemme les objections que Plotin adresse aux astro-