lumière, et ce milieu est nécessaire dans cette hypothèse. Si [comme l’enseigne Aristote] la substance colorée produit une modification (τροπή) dans le milieu, qui empêche que cette modification ne parvienne immédiatement à l’œil, même quand il n’y a pas de milieu ? Car, dans ce cas, le milieu interposé est nécessairement modifié avant l’œil. Ceux qui enseignent [comme le font les Platoniciens] que la vision s’opère par une effusion de la lumière de l’œil n’ont aucune raison de supposer un milieu, à moins qu’ils ne craignent que le rayon visuel ne s’égare ; mais ce rayon est lumineux, et la lumière se propage en ligne droite. Ceux qui [comme les Stoïciens] expliquent la vision par la résistance qu’éprouve le rayon visuel (ἔνστασις) ont besoin d’un milieu[1]. Les partisans des images (εἴδωλα), soutenant
- ↑ Voici comment Diogène Laërce (VII, § 157) formule la théorie des Stoïciens : « Pour voir, il faut que le milieu interposé entre la vue et l’objet lumineux éprouve une tension en forme de cône, comme le disent Chrysippe dans le second livre de sa Physique et Apollodore. Ce cône d’air a sa pointe sur l’œil et sa base sur l’objet : il annonce l’objet à l’œil par sa tension comme un bâton [transmettrait à la main la résistance qu’il rencontrerait]. » Le mot ἔνστασις, résistance, employé par Plotin, se trouve aussi dans Plutarque (De Placitis philosophorum, IV, 13) : « D’autres pensent que nous voyons par une effusion des rayons visuels qui, par suite de la résistance que leur fait éprouver l’objet, reviennent à l’œil. »
rencontre le courant du feu visuel, alors le semblable s’applique ainsi sur son semblable et s’unit si intimement à lui qu’en s’identifiant ils forment un corps unique, suivant la direction des yeux, où la lumière qui arrive de l’intérieur rencontre celle qui vient des objets extérieurs. Ce corps de lumière éprouvant donc les mêmes affections dans toutes ses parties à cause de leur similitude, s’il touche quelques objets, ou si quelques objets le touchent, il en transmet les mouvements dans tout le corps jusqu’à l’âme, et produit ainsi cette sensation que nous nommons la vue. » (Platon, Timée, p. 45 ; trad. de M. H. Martin, p. 123.) »