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QUATRIÈME ENNÉADE.


inhérentes à la matière ? Alors, on est encore obligé d’avouer que ces formes ne peuvent être pensées que quand elles sont séparées de la matière par l’intelligence[1]. Ce n’est pas avec cette masse charnelle, ni en général avec la matière que l’homme opère l’abstraction du triangle, du cercle, de la ligne, du point. L’âme doit donc, pour y arriver, se séparer elle-même du corps, par conséquent n’être pas un corps[2].

[Impossibilité pour le corps de posséder la vertu.]

La Beauté, la Justice n’ont pas non plus d’étendue, je pense ; il doit en être de même de leur conception. Ces choses ne peuvent être saisies et gardées que par la partie indivisible de l’âme. Si celle-ci était corporelle, où existeraient les vertus, la prudence, la justice, le courage ? [B[3]] Ces vertus ne seraient plus qu’une certaine disposition de l’esprit ou du sang[4] : le courage et la tempérance, par

    fiteris, non est corpus : quomodo igitur capiat ejus imaginem corpus ? » (De Anima et ejus origine, IV, 14.)

  1. Voy. le passage d’Aristote cité dans le tome I, p. 345.
  2. Voy. saint Augustin (De Trinitate, X, 10) : « Sed quoniam de natura mentis agitur, removeamus a cogitatione nostra omnes notitias quæ capiuntur extrinsecus per sensus corporis, etc. » Voy. encore ci-après, p. 461, note 1.
  3. Tout le morceau qui est désigné par la lettre B, et qui commence à cette phrase : « Ces vertus ne seraient plus qu’une certaine disposition de l’esprit et du sang ; » jusqu’au morceau sur l’entéléchie, désigné par la lettre C, est tiré d’Eusèbe (Préparation évangélique, XV, 22) et se rattache parfaitement à ce qui précède. Quant au morceau sur entéléchie désigné par la lettre C, il est tiré d’un autre passage d’Eusèbe (ibid., XV. 10). C’est à la dernière ligne de ce morceau qu’appartiennent les mots σωζομένον ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ, que Creuzer veut à tort placer à la fin du § 14. Voy., à la fin du volume, les Éclaircissements sur ce livre.
  4. πνεῦμά τι ἥ αἶμά τι et : « D’autres, comme Critias, ont soutenu que l’âme est du sang, supposant que le propre de l’âme est de sentir, et que nous n’avons la sensation que par la nature du sang. » (Aristote, De l’Âme, I, 2, p. 118 de la trad.) Empédocle