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LIVRE SEPTIÈME.


exemple, seraient l’une une certaine irritabilité, l’autre un heureux tempérament de l’esprit ; la beauté consisterait dans l’agréable forme des contours[1], qui fait nommer élégantes et belles les personnes chez lesquelles on la voit. Dans cette hypothèse, on conçoit que l’esprit puisse avoir dans ses formes de la vigueur et de la beauté. Mais quel besoin a-t-il de la tempérance ? Il semble au contraire qu’il doive chercher à être agréablement affecté par les choses qu’il touche et qu’il embrasse, à jouir d’une chaleur modérée, d’une douce fraîcheur, à n’être en contact qu’avec des objets doux, tendres, et polis. Que lui importe d’accorder à chacun ce qui lui est dû ?

Les notions de la vertu et les autres choses intelligibles que l’âme pense sont-elles éternelles, ou bien la vertu, par exemple, naît-elle et périra-t-elle ? Mais, s’il en est ainsi, par quel être et comment serait-elle formée ? La même question reste toujours à résoudre. Les choses intelligibles doivent donc être éternelles, immuables, comme les notions géométriques, par conséquent n’être pas corporelles. Enfin, le sujet en qui elles subsistent doit être de la même nature qu’elles, par conséquent n’être pas non plus un corps : car la nature du corps n’est pas de rester immuable, mais d’être dans un écoulement perpétuel.

[12° Les corps n’agissent que par des puissances incorporelles.]

Il est des hommes qui, voyant le corps produire certains effets, échauffer ou refroidir, pousser ou arrêter, établissent l’âme dans le corps, pour l’édifier en quelque sorte en un lieu où elle agisse[2]. C’est qu’ils ignorent, d’abord, que les


    professait la même opinion : « Empedocles animum esse censet cordi suffusum sanguinem. » (Cicéron, Tusculanes, I, 9.)

  1. εὐμορφία τις ἐν τύποις. C’est une allusion à la définition que les Stoïciens donnaient de la beauté. Voy. t. I, p. 99, note 1.
  2. οἶον ἐν δραστηρίω τόπῳ ἱδρύοντες αὐτήν. « Selon les Stoïciens, dit