Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/517

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
467
LIVRE SEPTIÈME.


qu’il faut édifier[1] tout ce qui est divin et bienheureux, qui vit et qui existe par soi-même, qui vit et qui existe au premier degré, qui est immuable dans son essence, qui ne peut ni naître ni périr. Comment, en effet, l’être naîtrait-il et périrait-il ? Si le. nom d’être lui convient réellement, il faut qu’il existe toujours, comme la blancheur n’est pas tantôt blanche, tantôt noire. Si la blancheur était l’être même, elle posséderait avec son essence [qui est d’être la blancheur] une existence éternelle ; mais, dans la réalité, elle n’est que la blancheur. Donc, le principe qui possède l’être par lui-même et au premier degré existera toujours. Or, cet être premier, éternel, ne doit pas être une chose morte comme une pierre, un morceau de bois. Il doit vivre, et vivre d’une vie pure, tant qu’il demeure en lui-même. Si quelque chose de lui se mêle à ce qui est inférieur, cette partie rencontre des obstacles dans son aspiration au bien, mais elle ne perd pas sa nature, et elle reprend son ancienne condition quand elle retourne à ce qui lui est propre[2].

X. L’âme a de l’affinité avec la nature divine et éternelle :

  1. Voy. ci-dessus, p. 453, note 2.
  2. Voy. Platon, Phédon, t. I, p. 299 de la trad. de M. Cousin ; Saint Augustin démontre par les mêmes raisons que l’âme ne devient pas corporelle par son union avec un corps : « Si quamvis locum occupant [corpori] animus non localiter jungitur, summis illis æternisque rationibus, quæ incommutabiliter manent nec utique loco continentur, prior afficitur anima quam corpus ; nec prior tantum, sed etiam magis. Tanto enim prior, quanto propinquior ; et eadem causa tanto etiam magis quanto etiam corpore melior ; nec ista propinquitas loco, sed naturæ ordine dicta sit. Hoc autem ordine intelligitur a summa essentia speciem corpori per animam tribui, qua est in quantumcunque est. Per animam ergo corpus subsistit, et eo ipso est quo animatur, sive universaliter, ut mundus, sive particulariter, ut unumquodque animal intra mundum. Quapropter consequens erat ut anima per animam corpus fieret, nec omnino aliter posset. Quod quia non fit, manente quippe anima in eo quo anima est, corpus per illam subsistit dantem speciem, non adimentem, commutari in corpus anima non potest, etc. » (De Immortalitate animœ, 15.)