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QUATRIÈME ENNÉADE.


dans le monde intelligible et il se verra lui-même devenu intelligible, radieux, illuminé par la vérité émanée du Bien, qui répand sur tous les intelligibles la lumière de la vérité[1]. Il aura alors le droit de dire :

Adieu, je suis maintenant un dieu immortel[2].


Car il s’est élevé vers la divinité et il lui est devenu semblable. Comme la purification permet de connaître les choses qui sont les meilleures, alors s’éclaircissent les notions que nous avons en nous, et qui forment la véritable science[3]. En effet, ce n’est pas en parcourant les objets

    sommes purifiés du trouble de le génération et que nous sommes arrivés à une vie calme : alors l’intelligence se révèle à nous ; alors, sortant de son silence, elle communique avec nous et elle nous parle. » (Commentaire sur l’Alcibiade, t. II, p. 118, éd. de M. Cousin.)

  1. Voy. Enn. I, liv. VI, § 9 ; t. I, p. 112. Le P. Thomassin cite ce passage dans ses Dogmata theologica (t. I, p. 145), et l’apprécie en ces termes : « Audire mihi videor Augustinum prædicantem ut a summo Bono et Patre Deo generetur Verbum, veritas æterna, qua deinde collustrentur intelligibilia et vera omnia : quando quæcunque vera sunt veritate vera sunt, et quæcunque intelliguntur vera veritatis luce intelliguntur. »
  2. Plotin cite ici un des vers d’Empédocle conservés par Diogène Laërce (VIII, § 62) :

    ϰαίρετ’ · ἐγώ δ’ ὕμμιν θεὸς ἄμϐροτος, οὐϰέτι θνητὸς,
    πωλεῦμαι, μετὰ πᾶσι τετιμένος, ὥσπερ ἔοιϰεν,
    ταινέαις τε περίστεπτος στεφεσίν τε θαλείοις.

  3. On peut rapprocher de ce passage de Plotin un passage de Proclus où est développée la même idée : « Il faut appliquer l’âme à la contemplation après l’avoir délivrée de ses entraves. Nous avons naturellement en nous la connaissance de la vérité, mais nous n’y faisons pas attention parce que nous sommes distraits par les passions qui proviennent de la génération, par l’oubli, par l’opinion et l’imagination trompeuses, par les désirs déréglés. Une fois que nous en sommes délivrés, il nous reste à nous tourner vers nous-mêmes. » (Commentaire sur Alcibiade, t. III, p. 60, éd. de M. Cousin.) Proclus ajoute encore (p. 144) : « Le but de Platon dans ce dialogue est de nous ramener à la connaissance de nous-mêmes, de montrer que l’essence de notre âme consiste dans des