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LIVRE SEPTIÈME.


et divin ? La sagesse et la véritable vertu, étant choses divines, ne sauraient résider dans une substance vile et mortelle[1] ; l’être qui les reçoit est nécessairement divin, puisqu’il participe des choses divines par l’affinité et la communauté d’essence qu’il a avec elles ; Quiconque de nous possède ainsi la sagesse et la vertu diffère peu des êtres supérieurs par son âme ; il ne leur est inférieur qu’en ce qu’il a un corps. Si tous les hommes, ou du moins si beaucoup d’entre eux avaient leur âme dans cette disposition, nul ne serait assez sceptique pour refuser de croire que l’âme est immortelle. Mais, comme maintenant on considère l’âme avec les vices qui la souillent, on ne conçoit pas qu’elle ait une essence divine et immortelle.

Or, quand on examine la nature d’un être, il faut toujours la contempler dans sa pureté, puisque les choses qui lui sont ajoutées empêchent de la bien connaître. Que l’on considère donc l’âme abstraction faite des choses étrangères, ou plutôt, que celui qui fait cette abstraction se considère lui-même en cet état : il ne doutera pas qu’il ne soit immortel quand il se verra dans le monde pur de l’intelligence : il verra son intelligence occupée, non à regarder quelque objet sensible et mortel, mais à penser l’éternel par une faculté également éternelle[2] ; il verra tous les êtres

  1. Saint Augustin formule cet argument de la manière suivante : Si anima subjectum est in quo ratio inseparabiliter, ea necessitate quoque qua in subjecto esse monstratur, nec nisi viva anima esse potest anima, nec in ea ratio esse potest sine vita et immortalis est ratio, immortalis est anima, etc. » (De Immortalitate animœ, 5.) Voy. aussi les Soliloques, 13.
  2. Voy. la même idée développée dans l’Enn. I, liv. I, § 11 (t. I, p. 47-48). Proclus s’exprime sur ce sujet à peu près dans les mêmes termes : « L’intelligence est toujours active en nous et nous éclaire toujours par la lumière de la pensée, et avant que nous inclinions vers cette vie irrationnelle, et quand nous vivons dans les passions, et quand nos passions sont calmées ; mais nous n’en avons pas toujours conscience. Nous en avons conscience quand nous