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LIVRE HUITIÈME.
DE LA DESCENTE DE L’ÂME DANS LE CORPS[1].


I. Souvent, m’éveillant du sommeil du corps pour revenir à moi, et détournant mon attention des choses extérieures pour la concentrer en moi-même, j’y aperçois une admirable beauté, et je reconnais que j’ai une noble condition : car je vis alors d’une vie excellente, je m’identifie avec Dieu, et, édifié en lui, j’arrive à cet acte qui m’élève au-dessus de tout intelligible. Mais si, après m’être ainsi reposé au sein de la Divinité, je redescends de l’intelligence à l’exercice du raisonnement, je me demande comment je puis ainsi m’abaisser actuellement, et comment mon âme a pu jadis entrer dans un corps, puisque, quoiqu’elle soit actuellement dans le corps, elle possède encore en elle-même toute la perfection que j’y découvre[2].

Héraclite, qui nous recommande de faire cette recherche, admet qu’il y a des changements nécessaires des contraires les uns dans les autres, parle d’ascension et de descente, dit que c’est un repos de changer, une fatigue

  1. La question de la Descente de l’âme dans le corps est aussi traitée ci-dessus dans le livre iii, § 9-17, p. 282-298. Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements à la fin du volume.
  2. Toute la fin du § 1, c’est-à-dire toute la partie historique, est commentée par Énée de Gaza dans un morceau très-important de