I. Souvent, m’éveillant du sommeil du corps pour revenir à moi, et détournant mon attention des choses extérieures pour la concentrer en moi-même, j’y aperçois une admirable beauté, et je reconnais que j’ai une noble condition : car je vis alors d’une vie excellente, je m’identifie avec Dieu, et, édifié en lui, j’arrive à cet acte qui m’élève au-dessus de tout intelligible. Mais si, après m’être ainsi reposé au sein de la Divinité, je redescends de l’intelligence à l’exercice du raisonnement, je me demande comment je puis ainsi m’abaisser actuellement, et comment mon âme a pu jadis entrer dans un corps, puisque, quoiqu’elle soit actuellement dans le corps, elle possède encore en elle-même toute la perfection que j’y découvre[2].
Héraclite, qui nous recommande de faire cette recherche, admet qu’il y a des changements nécessaires des contraires les uns dans les autres, parle d’ascension et de descente, dit que c’est un repos de changer, une fatigue
- ↑ La question de la Descente de l’âme dans le corps est aussi traitée ci-dessus dans le livre iii, § 9-17, p. 282-298. Pour les autres Remarques générales, Voy. les Éclaircissements à la fin du volume.
- ↑ Toute la fin du § 1, c’est-à-dire toute la partie historique, est commentée par Énée de Gaza dans un morceau très-important de