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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRES II ET III.


voit ainsi qu’il est injuste de réclamer pour chacune d’elles plus de perfection qu’elle n’en a reçu, et que l’univers est le meilleur possible (t. I, p. 279 ; t. II, p. 26, 34, 45, 48, 50, 55, 61, 74, 386, 404).

6. Mal physique. Les souffrances auxquelles nous sommes exposés ici-bas sont une conséquence nécessaire de notre imperfection. La douleur entre d’ailleurs dans le plan de la Providence : elle nous provoque à développer nos facultés, parce que nous ne pouvons-nous conserver sans accomplir les actes dont notre conservation dépend (t. I, p. 192, 434 ; t. II, p. 33, 34, 41).

Quant à l’inégale distribution des biens et des maux, elle n’est qu’apparente : les biens de l’âme reviennent toujours à celui qui les mérite, et dans la mesure même de son mérite ; les biens du corps n’ont pas d’importance pour le sage, qui sait que le bonheur ne se trouve que dans la vertu ; d’ailleurs, la Providence n’expose l’homme vertueux à l’adversité que pour l’éprouver, et le méchant qui abuse des dons de la fortune en est puni tôt ou tard par les conséquences naturelles de ses actions (t. I, p. 280, 472 ; t. II, p. 35, 41, 59).

7. Mal moral. L’homme est libre : on ne peut donc faire remonter la responsabilité de ses vices ou de ses crimes ni à Dieu, ni aux astres (t. I, p. 434, 468 ; t. II, p. 15, 38, 47, 391).

Si l’homme a été créé libre, c’est que sa liberté faisait partie du plan de l’univers. Elle donne d’ailleurs lieu à la Providence d’exercer sa justice distributive (t. I, p. 472 ; t. II, p. 33, 51, 66, 404-407).

Il n’est pas étonnant que l’homme pèche, puisqu’il n’occupe dans le monde qu’un rang intermédiaire. Ses vices ont pour causes l’ignorance et la concupiscence (t. I, p. 281 ; t. II, p. 31, 39, 79).

La source de tous les péchés est la descente de l’âme dans le corps, puisque c’est d’elle que dérivent l’ignorance et la concupiscence. Cependant, l’union de l’âme avec le corps est bonne en soi, comme la liberté, si on en fait un bon usage : car elle permet à l’âme de développer ses facultés, de les faire passer de la puissance à l’acte. D’ailleurs, cette union ne sépare jamais complètement l’âme du monde intelligible : l’âme peut toujours y remonter en s’affranchissant des passions du corps et en se tournant vers le Bien (t. I, p. 261, 280 ; t. II, p. 32, 492).

Quoique la doctrine de Plotin sur la Providence et le Destin renferme plusieurs erreurs graves, telles que la croyance à la métempsycose, elle est cependant supérieure à celle de ses prédécesseurs ou de ses contemporains. Voici en effet les propositions qu’il établit contre Platon, Aristote, les Stoïciens, les Gnostiques et les Manichéens.

1. Contre Platon. — La matière tient de Dieu l’existence : elle pro-