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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRES II ET III.


larius, a fait des emprunts textuels à Plotin dans un écrit intitulé περὶ θείας προνοίας ϰαὶ προορισμοῦ (edidit B. Thorlacius, Havniæ Danorum, 1825). Nous en avons indiqué quelques-uns ci-dessus, dans les notes des pages 35, 36, 43.

C. Saint Augustin, Boëce, Fénelon, Bossuet, Leibnitz.
1. Saint Augustin.

De tous les auteurs chrétiens qui se sont inspirés de la doctrine de Plotin sur la Providence et qui ont contribué à la répandre, saint Augustin est sans contredit le plus important, soit par le développement qu’il a, dans ses écrits, donné à la question de l’origine du mal, soit par les emprunts qu’il a faits à notre auteur.

De graves raisons conduisirent saint Augustin à étudier et à adopter les idées fondamentales de la théorie professée par Plotin sur la Providence. Longtemps égaré par les erreurs des Manichéens, qui faisaient du mal une substance et l’identifiaient avec la matière regardée par eux comme éternelle, saint Augustin trouva dans les livres de l’adversaire des Gnostiques les principes les plus propres à montrer la fausseté des opinions des Manichéens (opinions qui semblent avoir été au fond les mêmes que celles des Gnostiques). Ces principes étaient : « Le Mal n’est qu’une négation, qu’un défaut de bien ; la Matière n’est que le non-être, la possibilité de l’existence qui tient de Dieu tout ce qu’elle est ; l’Ordre de l’univers a sa raison d’être en Dieu seul, etc. » Or saint Augustin a développé ces principes dans plusieurs de ses écrits avec autant de force que de précision et de clarté, comme on peut le reconnaître par les rapprochements que nous avons faits et que nous allons ici récapituler et compléter, en suivant l’ordre de ses ouvrages.

Confessions. — Aux citations que nous avons déjà faites de cet ouvrage (p. 24, 27, 37, 50), nous joindrons ici un passage remarquable où les questions que soulève l’existence du mal sont exposées de la même manière qu’au début du traité de Plotin. Voici comme saint Augustin s’exprime à ce sujet dans le livre VII, ch. 5 :

« Ubi ergo malum, et unde, et qua huc irrepsit ? Quæ radix ejus, et quod semen ejus ? An omnino non est ?&hellip ; Unde est igitur ? Quoniam Deus fecit hæc omnia, bonus bona. Majus quidem et summum bonum minora fecit bona, sed tamen et creans et creata bona sunt omnia. Unde est malum ? An unde fecit ea, materies aliqua mala erat, et formavit atque ordinavit eam, sed reliquit aliquid in illa, quod in bonum non converteret ? Cur et hoc ? An impotens erat totam vertere et commutare, ut nihil mali remareret, quum sit omnia potens ?