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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


les ténèbres ne l’ont point comprise ; qu’encore que l’âme de l’homme rende témoignage à la lumière, ce n’est point elle qui est la lumière, mais le Verbe de Dieu ; que ce Verbe de Dieu, Dieu lui-même, est la véritable lumière qui éclaire tous les hommes venant en ce monde ; qu’il était dans le monde, que le monde a été fait par lui et que le monde ne l’a point connu.

Voilà ce que je lus dans ces livres. Mais je n’y lus pas que, le Verbe étant venu chez soi, les siens ne l’ont pas reçu ; et qu’il a donné le pouvoir d’être faits enfants de Dieu à tous ceux qui l’ont reçu et qui ont cru en son nom.

Je lus aussi que ce Verbe n’était pas né de la chair, ni du sang, ni des désirs sensuels de la volonté de l’homme, mais de Dieu. Mais je n’y lus pas que le Verbe a été fait homme et a habité parmi nous.

Je trouvai qu’il était marqué en plusieurs endroits de ces livres. et en différentes expressions, que le Fils, ayant la même essence que le Père, n’a pas cru faire un larcin en se rendant égal à Dieu, puisqu’il est par sa nature une même chose avec lui. Mais je n’y lus point qu’il s’est anéanti soi-même en prenant la forme d’un esclave, etc.

Je trouvai dans ces mêmes livres que votre Fils unique est éternel comme vous, qu’il subsiste avant tous les temps et au delà de tous les temps d’une substance immuable ; que les âmes ne sont heureuses que par les effusions qu’elles reçoivent de sa plénitude, et qu’elles ne sont renouvelées pour devenir sages que par la participation de sa sagesse qui se communique à elles. Mais qu’il soit mort dans le temps pour les pêcheurs, que vous n’ayez pas épargné votre Fils unique, et que vous l’ayez livré à la mort pour les hommes, je ne le vis pas dans ces livres, etc. »

Dans le livre suivant du même ouvrage (VIII, 2), saint Augustin complète ces détails et nous apprend le nom du traducteur :

« J’allai trouver Simplicien, lequel était le père spirituel de l’évêque Ambroise, qu’il avait baptisé, et que ce prélat aimait véritablement comme un père. Je lui racontai les agitations et les égarements de mon âme. Quand je lui dis que j’avais lu des livres des Platoniciens que Victorinus, qui était autrefois professeur de rhétorique à Rome[1], et que l’on m’assurait être mort chrétien[2], avait traduits

  1. Saint Augustin ajoute quelques lignes plus bas que Victorinus avait approfondi l’étude de la philosophie : philosophorum multa leqerat et difudicaverat et dilucidaverat. Boëce porte le même jugement sur cet auteur : Victorinus orator sui temporis ferme doctissimus.
  2. Saint Augustin raconte tout au long dans le même chapitre de ses Confessions la conversion de Victorinus.