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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.


en latin, il me félicita de n’être pas tombé sur les écrits des autres philosophes, lesquels sont pleins d’erreurs et de déceptions, parce qu’ils s’arrêtent aux éléments de ce monde ; au lieu que les livres des Platoniciens tendent par tous leurs raisonnements à élever l’esprit à la connaissance de Dieu et de son Verbe. »

Ainsi, c’est par les traductions de Victorinus que saint Augustin connut les livres des Platoniciens. Reste à déterminer quels sont les philosophes qu’il désigne sous le nom de Platoniciens et quels sont ceux de leurs écrits qu’il lut.

1o  Quels sont les philosophes que saint Augustin désigne sous le nom de Platoniciens :

Dans la Cité de Dieu (VIII, 12), saint Augustin nous apprend lui-même quels sont les philosophes auxquels il donne le nom de Platoniciens :

« Vainement, après la mort de Platon, Speusippe, son neveu, et Xénocrate, son disciple bien-aimé, le remplacèrent à l’Académie et eurent eux-mêmes des successeurs qui prirent le nom d’Académiciens ; tout cela n’a pas empêché les meilleurs philosophes de notre temps qui ont voulu suivre Platon, de se faire appeler, non pas Péripatéticiens, ni Académiciens, mais Platoniciens. Les plus célèbres entre les Grecs sont Plotin, Porphyre et Jamblique. Joignez à ces Platoniciens illustres l’africain Apulée, également versé dans les deux langues, la grecque et la latine. »

Dans d’autres livres de la Cité de Dieu, où il cite soit Plotin, soit Porphyre (car il ne cite jamais les écrits de Jamblique), saint Augustin leur attribue exactement la même doctrine que celle qu’il nous a dit plus haut avoir trouvée dans les ouvrages des Platoniciens.

Pour commencer par Plotin, saint Augustin affirme, en le nommant, que, dans ses écrits, on trouve sur les rapports de l’âme humaine avec le Verbe des idées qui sont tout à fait conformes à l’Évangile de saint Jean :

Nous n’avons sur cette question [de la béatitude] aucun sujet de contestation avec les illustres philosophes de l’école platonicienne. Ils ont vu, ils ont écrit de mille manières dans leurs ouvrages que le principe de notre félicité est aussi celui de la félicité des esprits célestes, savoir cette lumière intelligible, qui est Dieu pour ces esprits, qui est autre chose qu’eux, qui les illumine, les fait briller de ses rayons, et, par cette communication d’elle-même, les rend heureux et parfaits. Plotin, commentant Platon, dit nettement et à plusieurs reprises que cette âme même dont ces philosophes font l’âme du monde n’a pas un autre principe de félicité que la nôtre, et ce principe est une lumière supérieure à l’âme, par qui