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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


B. Victorinus a développé dans son Traité contre Arius des idées empruntées à Plotin.

Victorinus ne s’est pas borné à traduire des livres de Plotin et de Porphyre, comme nous venons de le prouver par le témoignage de saint Augustin et par celui de Boëce. Il a encore, dans son Traité contre Arius, développé des idées qui sont évidemment empruntées aux Ennéades, et, le premier en Occident, il paraît avoir donné l’exemple de faire servir la doctrine néoplatonicienne à la défense de la foi. Sous ce rapport, son ouvrage offre une étude curieuse. On y passe continuellement de l’explication de textes de l’Écriture sainte à des arguments tirés des livres de Plotin et de Porphyre, et dans une foule de passages, hérissés d’ailleurs de termes grecs propres à la langue des Néoplatoniciens, on croit lire une traduction littérale plutôt qu’une œuvre originale. Au reste, Victorinus indique lui-même qu’il a fait des emprunts aux philosophes.

« Dieu est la cause de toutes les essences ; par conséquent, il est toutes choses. Il est donc la vie et l’intelligence considérées comme produisant toujours intérieurement ce qu’on nomme être, c’est-à-dire vivre[1]. Ainsi, pour Dieu, vivre, c’est être. Donc, être un et être tout-puissant, c’est, pour Dieu, être toutes choses. Mais si Dieu se produit intérieurement lui-même, ou plutôt s’il se produit par la vie et l’intelligence, comment ces choses [la vie et l’intelligence] ont-elles pu se manifester au dehors ? Qu’est-ce qu’être dedans et qu’être dehors pour le Verbe ? Des philosophes et des hommes versés dans la connaissance de l’Écriture sainte ont examiné ce que sont ces choses [la vie et l’intelligence] et où elles sont : ce qu’elles sont, pour que nous expliquions comment elles existent ; où elles sont, pour que nous expliquions si elles existent en Dieu ou bien en dehors de lui et dans les autres êtres, ou bien en lui et partout[2]. Nous avons exposé ces choses dans d’autres livres d’une manière suivie et complète[3]. Nous allons maintenant les résumer brièvement.

Avant l’Être et avant le Verbe est cette puissance d’exister qu’on exprime par esse (être), en grec τὸ εἶναι, etc.[4] » (Adversus Arium, I, p. 285)[5]. »

  1. Voy. le passage de l’Ennéade VI cité ci-dessus, p. 229, note 1.
  2. La fin de cette phrase rappelle le titre des livres IV et V de l’Ennéade VI : L’Être un et identique est partout présent tout entier.
  3. Hæc quidem nos in aliis libris exequenter pleneque tradidimus. »
  4. Plotin a dit ci-dessus (p. 247) que l’intelligence est inférieure à l’Un, parce que son bien consiste à penser, non à subsister.
  5. Dans l’édition que nous avons entre les mains, le texte