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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRE IX.


Voici maintenant la traduction du morceau de Victorinus que le P. Thomassin, ainsi qu’on l’a vu ci-dessus (p. 555), cite comme contenant des idées empruntées à la doctrine néoplatonicienne sur l’unité et l’incompréhensibilité de Dieu, et qui se rapporte par conséquent aux livres VIII et IX de l’Ennéade III.

Avant toutes les choses qui existent véritablement a existé l’Un, ou l’Unité, ou l’Un absolu, avant qu’il y eût en lui l’être un. Il faut en effet appeler l’Un, et concevoir comme tel, ce qui n’implique aucune différence, l’Un seul, simple, antérieur à toute essence, à toute entité, et surtout à toutes les choses inférieures, à l’être même, l’Un préexistant à l’être, par conséquent à toute essence, à toute entité, à toute existence, à tout ce qui est supérieur même ; l’Un sans essence, sans existence, sans intelligence. Car l’Un est au-dessus de tout : il est infini, invisible, incompréhensible universellement et pour les choses qui sont en lui, et pour celles qui sont après lui, et pour celles qui procèdent de lui. Il n’est compréhensible que pour lui-même ; il est défini par son existence même. Il n’est pas un acte, en sorte que l’existence et la connaissance de lui-même ne sont pas en lui autre chose que lui-même. Il est indivisible sous tous les rapports ; il est sans figure, sans qualité, sans couleur, sans espèce, sans forme d’aucun genre, quoiqu’il soit la forme par laquelle sont formées toutes les essences universelles et particulières. Il est la cause première de tous les principes, le principe de toutes les intelligences, l’Intelligence transcendante de toutes les puissances, la force plus puissante que le mouvement, plus stable que le repos : car il est repos par un mouvement ineffable, et mouvement transcendant par un repos également ineffable. » (Adv. Arium, I, p. 267-268.)

Dans les lignes qui précèdent, Victorinus se borne à développer ce que Plotin avait déjà dit sur ce point :

« Si vous contemplez l’Unité des choses qui existent véritablement, c’est-à-dire leur principe, leur source, leur puissance productrice, pouvez-vous douter de sa réalité et croire que ce principe n’est rien ? Sans doute ce principe n’est aucune des choses dont il est le principe : il est tel qu’on ne saurait en affirmer rien, ni l’être, ni l’essence, ni la vie, parce qu’il est supérieur à tout cela. » (Enn. III, liv. VIII, § 9, p. 234.)

Les dernières lignes de Victorinus rappellent ce que Plotin dit sur l’Un supérieur au repos et au mouvement, par conséquent à la pensée :

    de Victorinus contient des fautes typographiques assez nombreuses qui ajoutent encore à la barbarie et à l’obscurité du style de l’auteur.