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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


quent, lorsque l’âme prend une détermination et qu’elle l’exécute parce qu’elle y est poussée par les choses extérieures, qu’elle cède à la violence de ses appétits, sa détermination et son action ne doivent pas être regardées comme libres. Au contraire, quand elle suit son guide propre, la raison pure et impassible, la détermination qu’elle prend est vraiment volontaire, libre, indépendante, l’action, qu’elle fait est réellement son œuvre (t. II, p. 16-18. Voy. aussi, dans le volume suivant, l’Ennéade VI, livre VIII, § 1-7).

Ainsi, de même que les Appétits sont excités par l’imagination sensible, la Volonté est mise en mouvement par la raison pure. Puisque la volonté agit toujours en vue du bien, elle doit, toutes les fois qu’elle ne s’égare pas en poursuivant son but, se conformer aux conceptions que la raison pure reçoit de l’intelligence. Lorsque cette disposition devient une habitude solide, elle constitue la vertu. Sans elle, l’homme incline tantôt au bien, tantôt au mal, selon qu’il se laisse guider par l’imagination sensible ou par la raison pure (t. II, p. 81, 98, 47, 219). D’ailleurs, l’action est inférieure à la spéculation, la vertu active à la vertu contemplative (t. I, p. 50, 400 ; t. II, p. 829). Aussi n’est-ce que dans la vie parfaite de l’intelligence que se trouve le bonheur (t. I, p. 75, 416-418).

Vie intellectuelle. — Les facultés qui se rapportent à la vie intellectuelle sont l’Intelligence et l’Amour.

1o Intelligence. — L’Intelligence a pour fonction la pensée intuitive. Elle est la puissance qui pense l’intelligible en se pensant elle-même.

Le caractère fondamental de la pensée est que la chose pensante et la chose pensée sont une seule et même chose. Tandis que la sensation perçoit ce qui est hors d’elle, que la raison discursive, en concevant ce qu’elle possède intérieurement, le considère comme distinct d’elle, l’intelligence pense l’intelligible en se pensant elle-même (t. I, p. LXX-LXXIV, t. II, p. 220, 223-224).

L’intelligence étant un acte qui consiste à se penser soi-même, quand nous nous pensons nous-mêmes, nous pensons une nature pensante ; par conséquent, nous pensons une nature intellectuelle. Nous sommes donc l’intelligible par le fond véritable de notre être, et la pensée que nous en avons nous en donne l’image (t. II, p. 245).

L’intelligence perçoit l’objet intelligible comme la sensation perçoit l’objet sensible, par intuition. Mais, il y a cette différence que la sensation s’applique à ce qui est hors d’elle, tandis que l’intelligence se concentre en elle-même, parce qu’elle possède en elle-même les essences intelligibles qu’elle contemple et dont elle communique les notions à la raison discursive (t. I, p. 329-330 ; t. II,