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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRES III, IV, V.


dis que, dans l’intelligence, elles existent toutes ensemble (t. I, p. 44, 327 ; t. II, p. 299-300, 325). »

L’emploi méthodique de la Raison pure constitue la Dialectique, tandis que celui du Raisonnement constitue la simple Logique, qui est subordonnée à la première (t. I, p. 66-68).

3o Imagination intellectuelle. — L’Imagination intellectuelle se rattache à la raison discursive. La raison pure reçoit la pensée pure, qu’elle accompagne toujours, et la transmet à l’imagination intellectuelle. Dans l’intelligence, la pensée est indivisible. Dans l’imagination, elle se développe en passant à l’état d’image. C’est de cette manière qu’elle est perçue, qu’elle dure et devient un souvenir (t. I, p. 339-340 ; t. II, p. 325-326).

Quand l’imagination intellectuelle s’exerce en même temps que l’imagination sensible, elle l’éclipse par sa lumière et il n’y a qu’une image (t. II, p. 326-327).

4o Mémoire intellectuelle. — La Mémoire intellectuelle dépend de la raison discursive et de l’imagination intellectuelle : de la raison discursive, parce que, comme on ne se souvient que de ce qui passe, la mémoire ne peut s’appliquer qu’aux actes d’une faculté qui va sans cesse d’une conception à une autre (t. II, p. 332, 335, 337, 339), tandis que l’intelligence a une intuition immuable d’essences qui sont elles-mêmes immuables (t. II, p. 313, 332, 837) ; de l’imagination intellectuelle, parce que la mémoire ne reçoit et ne garde les pensées pures que sous forme d’images (t. II, p. 325-326).

Quand la mémoire intellectuelle s’exerce concurremment avec la mémoire sensible, elle la domine de manière à ce qu’il n’y ait qu’un souvenir, ou bien elle la fait rester dans l’obscurité (t. II, p.327-329, 338).

5o Volonté. — La Volonté est le pouvoir d’agir sans contrainte et avec la conscience de ce que l’on fait.

Elle diffère de la liberté en ce que celle-ci n’implique que la première condition : car, pour qu’un acte soit libre, il suffit qu’on soit maître de le faire.

La liberté dans l’homme n’est pas un pouvoir d’agir quelconque ; c’est le pouvoir de développer sans obstacle les facultés propres à son essence, de vivre conformément à sa nature. Pour remplir ces deux conditions, il faut que l’âme s’affranchisse des passions du corps et qu’elle suive le désir qui la porte naturellement vers le bien (car l’essence de la volonté est de vouloir le bien[1]). Par consé-

  1. ἑ βούλησις θέλει τὸ ἀγαθόν (Enn. VI, liv. VIII, § 6). Voy. aussi ci-dessus, p. 31, 45. C’est un principe emprunté à Aristote : διὸ ἀεί μὲν ϰινεί τὸ ὀρεϰτὸν, ἀλλὰ τοῦτ’ ἔστιν ἢ τὸ ἀγαθὸν, ἢ τὸ φαινόμενον ἀγαθόν (De l’Âme, III, 9).