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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRES III, IV, V.


parce que, à l’identité qui constitue l’être, chaque intelligence joint un caractère propre qui la différencie perpétuellement des autres. Or ce qui est vrai des intelligences particulières est également vrai des âmes particulières qui en procèdent (t. II, p. 268-274).

5. L’âme avant la vie terrestre. Descente de l’âme dans le corps.

Les âmes ont une double vie, parce qu’elles vivent tour à tour dans le monde intelligible et dans le monde sensible.

Tant qu’elles demeurent dans le monde intelligible conjointement avec l’Âme universelle, elles contemplent l’Intelligence divine ; elles exercent en même temps le pouvoir qu’elles ont sur les choses inférieures, en partageant avec l’Âme universelle l’administration du monde, sans sortir du calme dont elles jouissent ni être exposées à aucune souffrance. Mais, quand le désir les prend de se faire chacune une vie particulière et indépendante, elles se séparent de l’Âme universelle et descendent dans les corps que celle-ci a préparés pour les recevoir (t. II, p. 484-486).

Les âmes viennent ici-bas dans le but de développer leurs facultés et d’orner ce qui est au-dessous d’elles. En effet, nos facultés seraient inutiles, nous les ignorerions nous-mêmes, si nous ne les manifestions pas en les faisant passer de la puissance à l’acte. La loi de la procession veut que chaque essence produise quelque chose au-dessous d’elle, jusqu’à ce que, de degré en degré, ce développement soit arrivé aux dernières limites du possible. Il fallait donc que les âmes n’existassent pas seulement, mais encore qu’elles révélassent ce qu’elles étaient capables d’engendrer (t. II, p. 488-490).

La descente des âmes n’est ni volontaire ni forcée : les âmes obéissent à une impulsion naturelle, en vertu de laquelle elles entrent dans les corps qui sont préparés pour les recevoir, et dont l’espèce est conforme à la disposition particulière de chacune d’elles (t. II, p. 289-293).

En descendant du monde intelligible, les âmes viennent d’abord dans le ciel. Elles y prennent un corps aérien ou igné, et y habitent l’astre qui est en harmonie avec leur caractère ; ou bien, au moyen de leur corps aérien, elles passent du ciel dans des corps d’une nature inférieure, ce qui constitue la métensomatose. Dans tous les cas, elles sont soumises à l’ordre providentiel qui régit tout l’univers (t. II, p. 99, 294).