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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRE VII.


immédiatement après dans le § 9 : « Évidemment l’âme appartient au genre de l’essence que nous appelons l’essence véritable, etc. »

4o La place que nous assignons au morceau C, explique parfaitement une phrase mutilée dont M. Creuzer n’a pu se rendre compte. Dans les manuscrits qui ne contiennent pas les deux morceaux B, C, on lit, à l’endroit où commence la lacune : πῶς δ’ ἂν ϰαὶ σώματος ὄντος τῆς ψυχῆς, ἀρεταὶ αὐτῆς, σωφροσύνη ϰαὶ διϰαιοσύνη ; σωζομένον ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ. (pôs d’an kai sômatos ontos tês psuchês, aretai autês, sôphrosunê kai dikaiosunê ; sôzoménon kath’hoson an autoû metalambanê.) Les mots σωζομένον ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ (sôzoménon kath’hoson an autoû metalambanê) ne se lient pas à ce qui précède. Ficin, dans le manuscrit dont il s’est servi, a changé σωζομένον (sôzoménon) en σωζομένης [ψυχῆς] (sôzomenês [psuchês]) pour tâcher d’arriver à un sens. M. Creuzer propose de placer ces mots à la fin du § 14, où le sens ne les réclame point. Ces mots ne sont autre chose que la fin du morceau C sur l’entéléchie, tel qu’il est cité par Eusèbe. Un scoliaste aura écrit : à retrancher depuis σωφροσύνη ϰαὶ διϰαιοσύνη (sôphrosynê kai dikaiosynê) jusqu’à ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ (kath’ hoson an autoû metalambanê). Ôtez les mots à retrancher depuis…. jusqu’à, et vous avez cette phrase tronquée, qui n’a point de sens. »

5o Ce qui prouve la justesse de notre hypothèse, c’est que, ainsi que nous l’apprend M. Creuzer (t. III, p. 253), dans un des manuscrits de la Bibliothèque de Saint-Marc, à Venise (cod. Marc. A), il y a en marge une note d’un scoliaste, qui dit positivement qu’il y a une lacune depuis σωφροσύνη ϰαὶ διϰαιοσύνη (sôphrosunê kai dikaiosunê) jusqu’à οὐϰ ἄρα ἡ ψὐχὴ ἁρμονία (ouk ara hê psuchê harmonia). Il ajoute : οἵ δὲ [στίχοι] ἀπὸ τοῦ ἐϰεῖσε ἀρχόμενοι εἰσὶν ἐπεισάϰτοι μέχρι τοῦ· ὅτι μή εἰσὶν ἀπολωλυῖαι, ϰαὶ οὐδὲν ἐν αὐτοῖς Πλωτῖνου περιέχοντες, ὥς μοι δοϰεὶ, ἀλλά τινος ; ἄλλου· διὸ οὐδε χρέσιμοι. ἀλλά μὴν οὐδ’ἡ φράσις δείϰνυται εἶναι τοῦ σόφου ἀνδρὸς Πλωτίνου· ἂλλωστε ϰαὶ τὸ σωφροσὺνη ϰαὶ διϰαιοσύνη… ἀνδρεία τε ϰαὶ αἱ ἄλλαι, ἑπομένου τοῦ λόγου· τὸ δὲ σωφροσὺνη ϰαὶ διϰαιοσύνη σωζόμενον ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ, οὐϰ ἁρμοζει ϰαλῶς. (oi de [stichoi] apo toû ekeîse archomenoi eisin epeisaktoi mechri toû ; hoti mê eisin apolôluiai, kai ouden en autois Plôtinou ; allôste kai to sôphrosunê kai dikaiosunê… andreia te kai ai allai, hepomenou toû logou ; to de sôphrosunê kai dikaiosunê sôzomenon kath’hoson an autoû metalambanê, ouk armozei kalôs.) « Les lignes qui vont depuis là [c’est-à-dire depuis : οὐϰ ἄρα ἡ ψὐχὴ ἁρμονία (ouk ara hê psuchê harmonia) jusqu’à : μή εἰσὶν ἀπολωλυῖαι (mê eisin apolôluiai) [lesquelles terminent le livre vii], sont interpolées et ne contiennent rien de Plotin, à ce que je crois, mais sont d’un autre auteur ; par conséquent, elles sont inutiles. En effet, le style ne paraît pas être du savant Plotin ; surtout, dans la phrase σωφροσύνη ϰαὶ διϰαιοσύνη… ἀνδρεία τε ϰαὶ αἱ ἄλλαι (sôphrosunê kai dikaiosunê… andreia te kai ai allai), les mots σωφροσύνη ϰαὶ διϰαιοσύνη (sôphrosunê kai dikaiosunê) ne se lient pas bien à ce qui suit : σωζομένον ϰαθ’ ὅσον ἂν αὐτοῦ μεταλαμϐάνῃ (sôzoménon kath’hoson an autoû metalambanê). »

Ainsi, le scoliaste ne propose pas moins que de retrancher toute la fin du livre, savoir les § 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, et cela pour deux raisons : 1o le style ne lui paraît pas digne de Plotin ; 2o il y a une phrase incohérente qui lui fait soupçonner une interpolation. Nous avons expliqué la phrase incohérente ; quant au style, comme