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TRAITÉ SUR LE PRÉCEPTE
CONNAIS-TOI TOI-MÊME
PAR
PORPHYRE
ADRESSÉ À JAMBLIQUE[1].

I. [Livre I.] Quel est le sens, quel est l’auteur du précepte sacré qui est inscrit sur le temple d’Apollon, et qui dit à celui qui vient implorer le Dieu : Connais-toi toi-même ? Il signifie, ce semble, que l’homme qui s’ignore lui-même ne saurait rendre au Dieu des hommages convenables ni en obtenir ce qu’il implore. Soit que ce précepte, si utile pour l’homme dans toutes les circonstances de la vie, ait pour auteur Phémonoé[2], qui passe pour avoir transmis la première aux hommes les oracles d’Apollon, ou Phanothéa, fille de Delphus ; soit que Bias[3], ou Thalès, ou Chilon[4] l’ait inscrit sur le temple, par suite d’une inspiration divine ; soit que Chilon, comme le prétend Cléarque[5], ayant demandé à Apollon ce qu’il était le plus utile aux hommes d’apprendre, en ait reçu pour réponse Connais-toi toi-même ; soit que ce précepte ait été inscrit sur le temple avant l’époque de Chilon, comme le dit Aristote dans ses livres sur la philosophie ; dans tous les cas, Jamblique[6], quelle que soit l’opinion qu’on ait sur l’origine de ce précepte, il faut admettre que,

  1. Ces trois fragments sont extraits du Florilegium de Stobée, tit. xxi, § 8, 27, 28, éd. Gaisford.
  2. Voy. Diogène Laërce, I, § 40.
  3. Voy. Stobée, Florilegium de Stobée, tit. xxi, § 11.
  4. Ibid., § 13.
  5. Ibid., § 12.
  6. Jamblique, à qui est adressé ce traité, avait composé un Commentaire sur l’Alcibiade de Platon, dans lequel il paraît avoir beaucoup emprunté à Porphyre, et, comme Proclus s’est lui-même, de son propre aveu, inspiré du travail de Jamblique, il en résulte qu’il a dû reproduire souvent les idées de Porphyre, quoiqu’il ne la nomme pas. Voy. l’analyse que Proclus a donnée du travail de Jamblique dans son Commentaire sur l’Alcibiade de Platon, t. II, p. 34, éd. de M. Cousin.