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TRAITÉ DE L’ÂME.


apportée par les vents. » Orphée lui-même semble penser qu’il n’existe qu’une seule Âme ; laquelle se divise en une foule de parties, en sorte que les âmes particulières reçoivent, en respirant, les souffles multiples et intermédiaires (πολλαὶ ϰαὶ μέσαι ἐπίπνοιαι (pollai kai mesai epipnoiai)) émanés de l’Âme universelle[1].

Quelques-uns des Peripatéticiens font de l’âme un corps éthéré[2] ; d’autres la définissent soit « la perfection de l’essence du corps divin, » perfection qu’Aristote appelle entéléchie, comme le dit Théophraste dans quelques-uns de ses écrits[3], soit « ce qui est engendré par les genres universels divins (τὸ ἀπογεννώμενον ἀπὸ τῶν θειωτέρων γενῶν ὅλων (to apogennômenon apo tôn theiôterôn genôn holôn)), comme le conçoivent des modernes, soit ce qui forme un mixte avec le corps, » comme l’enseignent les Stoïciens[4], soit « ce qui est mélangé à la nature, » soit « ce qui est quelque chose du corps (la qualité qu’il a d’être animé), mais qui ne constitue pas une substance indépendante du corps, » comme le prétend Dicéarque le messénien[5].

Des Facultés de l’âme.

III[6]. Selon Platon, les facultés de l’âme ne sont pas différentes de

  1. Voy. ci-après, 51, p. 646. Porphyre, dans son traité De l’Antre des Nymphes (§ 25, éd. Hercher), développe cette idée dans les termes suivants : « C’est avec raison que les anciens ont fixé des vents pour les âmes qui viennent dans la génération et pour celles qui en sortent, parce que les âmes attirent un certain esprit (πνεῦμα (pneuma)), comme quelques-uns l’ont pensé, et qu’elles ont une essence spirituelle. Borée est le vent propre aux âmes qui viennent dans la génération : car Borée rappelle à la vie les hommes qui sont sur le point de mourir, en soufflant sur eux quand ils respirent avec peine, etc. » Virgile dit, en parlant des cavales, quelque chose d’analogue :

    Ore omnes versæ in zephyrum stant rupibus altis,
    Exceptantque leves auras, et sæpe sine ullis
    Conjugiis vento gravidæ…
    GéorgiquesGéorgiques, III, 273.

  2. « Critolaüs peripateticus constare eam [animam dixit] de quinte essentia. » (Macrobe, In Somnium Scipionis, I, 14.)
  3. Cicéron fait sans doute allusion à cette opinion, quand il dit dans les Tusculanes (I, 10) : « Aristoteles, quum quatuor illa genera principiorum esset complexus, e quibus omnia orirentur, quintum genus adhibet, vacans nomine ; et sic ipsum animum ἐντελεχείαν (entelecheian) appellat novo nomine, quasi quamdam continuatam motionem et perennem. »
  4. Zeno [dixit animam] concretum corpori spiritum. » (Macrobe, In Somnium Scipionem, I, 14.)
  5. Voy. M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 34.
  6. Stobée, Eclogœ physicœ, LII, § 29, p. 872.