Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/710

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
660
JAMBLIQUE.


par la conformité de la pensée, et, lorsque celles-ci sont sorties de leurs corps, ils les introduisent immédiatement parmi les dieux sans les soumettre à aucune peine. Quant aux Platoniciens, ils font passer toutes les âmes de la génération dans le monde intelligible quand elles ont subi leur peine. — La purification donne lieu aux mêmes controverses. Les anciens disent que les âmes unies aux dieux sont au-dessus de la purification ; les autres, tels que certains Platoniciens, qu’il y a pour l’âme des périodes universelles de purification ; mais il en est, tels que Plotin[1], qui croient que l’âme séparée du corps est au-dessus de la purification.

De la Récompense.

XVII[2]. Les anciens ne sont pas du tout d’accord sur la récompense que reçoivent les âmes lorsqu’elles sortent de leurs corps et qu’elles vont parmi les âmes angéliques. Plutarque, Porphyre, ainsi que les anciens, leur font garder leur rang propre ; mais Plotin les affranchit de toutes les choses terrestres[3]. Les anciens leur accordent avec raison d’être, par leur intelligence, dans une excellente disposition qui les rapproche des dieux, et de présider aux choses de ce monde ; mais Porphyre leur enlève ce privilége. Quelques-uns des anciens affirment qu’elles ne se servent pas du raisonnement, et que leurs actes sont si parfaits que le raisonnement le plus pur et le plus exact ne saurait nous en donner l’idée[4] ; mais Porphyre refuse absolument aux âmes une vie indépendante [de la génération], parce qu’il les croit attachées à la génération et données aux animaux composés d’une âme et d’un corps] pour leur porter assistance. Dans Platon, Timée ramène les âmes, au moment de leur ascension, dans les divers lieux dans lesquels elles ont été semées par le Démiurge ; il ne les élève pas au-dessus du rang qu’elles occupaient avant que le Démiurge eût formé le monde[5].

Numénius paraît penser que l’âme s’unit et s’identifie complètement avec ses principes[6] ; les anciens croient qu’elle s’y allie tout en restant une substance différente. Le premier semble résoudre l’âme dans ses principes, tandis que les seconds la rattachent à ces

  1. « Les âmes qui sont pures, qui n’entraînent avec elles rien de corporel, jouissent du privilége de n’être dans rien de corporel… Elles habitent avec Dieu. » (Plotin, Enn. IV, liv. III, § 24.)
  2. Stobée, Eclogœ phycicœ, LII, § 60 ; p. 1064.
  3. Voy. Plotin, Enn. IV, liv. III, § 24, 32 ; liv. IV, § 18.
  4. Voy. Enn. IV, liv. III, § 18.
  5. Voy. Platon, Timée, p. 42.
  6. Les principes de l’âme sont pour Numénius l’Intelligence