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LIVRE DEUXIÈME.

faut qu’il ait la forme qui lui est propre et qu’il remplisse sa fonction. »

IV. Qu’on ne soit pas étonné que l’eau éteigne le feu, et que le feu détruise lui-même un autre élément ; car cet élément a été amené lui-même à l’existence par un autre élément, et il n’est pas étonnant qu’il soit détruit puisqu’il ne s’est pas produit lui-même et qu’il n’a été amené à l’existence que par la destruction d’un autre élément[1]. D’ailleurs, au lieu du feu éteint s’allume un autre feu. Dans le ciel incorporel, tout est permanent ; dans le ciel visible, l’ensemble est éternel, ainsi que les parties les plus importantes et les plus

    intellegit, qualis est pecorum, et hæc quæ intellegit, sicuti est hominum, rectissime vita dicitur. Hæc autem duo, id est corpus et vita, quæ quidem creaturæ deputantur (nam et creatoris ipsius vita dicitur et ea summa vita est) istæ igitur duæa creaturæ, corpus et vita, quoniam formabilia sunt, sicuti superius dicta docuerunt, amissaque omnino forma in nihilum recidunt, satis ostendunt ex illa forma subsistere quæ semper eius modi est. Quam ob rem quantacumque bona quamuis magna quamvis minima nisi ex deo esse non possunt. Quid enim maius in creaturis quam vita intellegens aut quid minus potest esse quam corpus ? Quæ quantumlibet deficiant et eo tendant ut non sint, tamen aliquid formæ illis remanet ut quoquo modo sint. Quicquid autem formæ cuipiam rei deficienti remanet, ex illa forma est quæ nescit deficere motusque ipsos rerum deficientium vel proficientium excedere numerorum suorum leges non sinit. Quicquid igitur laudabile advertitur in rerum natura, sive exigua sive ampla laude dignum iudicetur, ad excellentissimam et ineffabilem laudem referendum est Conditoris » (De Libero arbitrio, II, 17.)

  1. Plotin paraît ici faire allusion à la doctrine d’Héraclite et des Stoïciens selon lesquels les quatre éléments, le feu, l’air, l’eau et la terre, se transforment les uns dans les autres : δυνάμει γὰρ λέγει [Ἡράϰλειτος] ὅτι πῦρ ὑπὸ τοῦ διοιϰοῦντος τὰ σύμπαντα λόγου ϰαὶ θέου δι’ ἀέρος τρέπεται εἰς ὑγρὸν, ὡς τὸ σπέρμα τῆς διαϰοσμήσεως ὃ ϰαλεῖ θάλασσαν· ἐϰ δὲ τούτου αὖθις γίγνεται γῆ ϰαὶ οὐρανὸς, ϰαὶ τὰ ἐμπεριεχόμενα, ϰ. τ. λ. (Clément d’Alexandrie, Stromates, V, p. 712.) Pour les Stoïciens, Voy. Stobée, Eclogœ physicœ, I, p. 372, 446.