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TROISIÈME ENNÉADE.

maux de toute espèce ; la puissance de l’Âme s’est étendue jusqu’à la mer. L’air et le ciel tout entier ne sont pas non plus inanimés : là aussi habitent toutes les âmes excellentes, qui communiquent la vie aux astres et qui président à la révolution circulaire du ciel, révolution éternelle et pleine d’harmonie, qui imite le mouvement de l’Intelligence par le mouvement éternel et régulier des astres autour d’un même centre[1],parce que le ciel n’a rien à chercher hors de lui-même. Tous les êtres que je renferme aspirent au Bien ; tous l’atteignent, chacun selon sa puissance[2]. En effet, au Bien est suspendu le ciel tout entier[3], mon âme tout entière, les dieux qui habitent mes diverses parties, tous les animaux, toutes les plantes, et tout ce que je contiens d’êtres qui paraissent inanimés. Dans cet ensemble d’êtres, les uns semblent participer à l’existence seulement, les autres à la vie, les autres à la sensibilité, les autres à l’intelligence, les autres à toutes les puissances de la vie à la fois[4] : car il ne faut pas demander des facultés égales pour des choses inégales, par exemple, la vue pour le doigt, puisqu’elle est propre à l’œil ; quant au doigt, il lui faut tout autre chose, il

  1. Voy. t. I, p. 159. Ibn-Gebirol (Avicebron) a reproduit cette pensée dans le livre III de la Source de la Vie : « Le retour de la substance spirituelle sur elle-même, par la durée et la permanence, est comme le retour de la sphère sur elle-même, par la translation et la révolution. » (M. S. Munk, Mélanges de philosophie juive et arabe, p. 63.)
  2. Voy. t. I, p. 163.
  3. Voy. t. I, p. 450, le passage de la Métaphysique d’Aristote auquel est empruntée cette expression de Plotin, et l’imitation que Dante en a faite dans la Divine comédie.
  4. Voy. ci après § 12. S. Augustin a développé la même pensée dans le passage suivant : « {{lang|la|texte=Tu autem si præter id quod est neque vivit, et id quod est et vivit neque intelligit, et id quod est et vivit et intelligit, inveneris aliquod aliud creaturarum genus, tunc aude dicere aliquod bonum esse quod non sit ex Deo. Tria enim hæc duobus etiam nominibus enuntiari possunt, si appellentur corpus et vita : quia et illa quæ tantum vivit neque