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LIVRE DEUXIÈME.

VII. Remarquons d’abord que pour montrer que tout est bien dans les choses qui sont mélangées de matière [et sensibles], il ne faut pas y chercher toute la perfection du monde qui est pur de matière [et intelligible], ni désirer trouver dans ce qui tient le second rang les caractères de ce qui occupe le premier[1]. Puisque le monde a un corps, nous devons accorder que ce corps a de l’influence sur l’ensemble, et ne demander à la Raison de lui donner que ce que cette nature mélangée était capable de recevoir. Par exemple, si l’on contemplait le plus bel homme qu’il y ait ici-bas, on aurait tort de croire qu’il est identique à l’homme intelligible et de ne pas se contenter de ce que, étant fait de chair, de muscles, d’os, il a reçu de son auteur toute la perfection que celui-ci pouvait lui communiquer pour embellir ces os, ces muscles, cette chair, et faire dominer en lui la raison [séminale] sur la matière.

    sine principio, quantusque in eo maneat intellectus, quidve inde in nostram salutem sine ulla degeneratione manaverit. » (S. Augustin, De Ordine, II, 5.)

  1. On trouve les mêmes idées dans le passage suivant de S. Augustin : « Et manifestatum est mihi, quoniam bona sunt quæ corrumpuntur, quæ neque si summa bona essent, neque nisi bona essent, corrumpi possent : quia, si summa bone essent, incorruptibilia essent ; si autem nulla bona essent, quod in eis corrumperetur non esset. Nocet enim corruptio, et, nisi bonum minueret, non noceret. Aut igitur nihil nocet corruptio, quod fieri non potest ; aut, quod certissimum est, omnia quæ corrumpuntur privantur bono. Si autem omni bono privabuntur, omnino non erunt. Si enim erunt et corrumpi jam non poterunt, meliora erunt quia incorruptibiliter permanebunt. Et quid monstruosius quam ea dicere omni bono amisso facta meliora ? Ergo, si omni bono privabuntur, omnino nulla erunt. Ergo, quamdiu sunt, bone sunt. Ergo, quæcunque sunt, bona sunt. Malumque illud, quod quærebam unde esset, non est substantia ; quia, si substantia esset, bonum esset. Aut enim esset incorruptibilis substantia, magnum utique bonum ; aut substantia corruptibles esset, quæ, nisi bona esset, corrumpi non posset. Itaque vidi et manifestatum