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CINQUIÈME ENNÉADE.


faux que Dieu n’est nulle part. Mais, comme il est au contraire vrai que Dieu n’est nulle part, et faux qu’il soit quelque part, parce qu’il ne saurait être contenu dans autrui, il en résulte que Dieu n’est éloigné de rien. S’il n’est éloigné de rien, n’étant nulle part, il sera en lui-même partout. Il n’aura pas une de ses parties ici, une autre là ; il ne sera pas tout entier seulement en tel ou tel lieu ; il sera donc tout entier partout : car il n’y a pas une chose qui le possède exclusivement ou qui ne le possède pas ; tout est donc possédé par lui. Vois le monde : comme il n’y a pas d’autre monde que lui, il n’est pas contenu dans un monde ni dans un lieu. Nul lieu en effet n’existait antérieurement au monde. Quant à ses parties, elles dépendent de lui et sont contenues en lui. L’Âme n’est pas contenue dans le monde ; c’est elle au contraire qui le contient : car le lieu de l’Âme n’est point le corps, mais l’Intelligence ; le corps du monde est donc dans l’Âme, l’Âme dans l’Intelligence, et l’Intelligence elle-même dans un autre principe. Mais ce principe lui-même n’est pas dans un autre, duquel il dépendrait ; il n’est donc dans rien, par conséquent, il est nulle part. Où sont donc les autres choses ? Elles sont dans le premier principe. Il n’est donc pas séparé des autres choses, il n’est pas non plus en elles ; il n’y a donc rien qui le possède ; c’est lui, au contraire, qui possède tout. C’est pour cela qu’il est le Bien de toutes choses, parce que toutes choses existent par lui et se rapportent à lui, chacune d’une manière différente. C’est pourquoi il y a des choses qui sont meilleures les unes que les autres, parce qu’elles sont les unes plus que les autres [en rapport avec le Bien].

X. Ne cherche pas à voir ce principe à l’aide des autres choses ; sinon, au lieu de le voir lui-même, tu ne verras que son image. Essaie plutôt de concevoir ce qu’est le principe qu’il faut saisir en lui-même, qui est pur et sans aucun mélange, parce que tous les êtres en participent sans qu’aucun le possède. Aucune autre chose en effet ne saurait