être telle ; il faut cependant qu’il y ait une telle chose. Qui pourrait embrasser à la fois dans sa totalité la puissance de ce principe ? Si un être embrassait à la fois dans sa totalité la puissance de ce principe, en quoi en différerait-il ? Se borne-t-il à en embrasser une partie ? — Tu saisiras bien ce principe par un acte intuitif et simple, mais tu ne te le représenteras point dans sa totalité ; autrement, tu seras l’intelligence pensante, si toutefois tu as atteint ce principe ; mais il te fuira, ou plutôt tu le fuiras toi-même. Quand tu considères Dieu, considère-le donc dans sa totalité. Quand tu le penses, sache que ce que tu te rappelles de lui est le Bien : car il est la cause de la vie sage et intellectuelle, parce qu’il est la puissance dont procèdent la vie et l’intelligence ; il est la cause de l’essence et de l’être, parce qu’il est un ; il est simple et premier, parce qu’il est principe. C’est de lui que tout procède[1]. C’est de lui que le premier mouvement procède, sans être en lui ; c’est de lui que procède aussi le premier repos, parce que lui, il n’en a pas besoin ; il n’est lui-même ni en mouvement ni en repos : car il n’a rien en quoi il puisse se reposer ou se mouvoir. Par rapport à quoi, vers quoi ou en quoi pourrait-il se mouvoir ou se reposer ? Il n’est pas non plus limité : car par quoi serait-il limité ? Il n’est pas non plus infini de la manière dont on se représente une masse énorme : car où aurait-il besoin de s’étendre ? Serait-ce pour avoir quelque chose ? Mais il n’a besoin de rien. C’est sa puissance qui est infinie. Il ne
- ↑ Tout le morceau qui précède est cité par le P. Thomassin qui le commente en ces termes : « Totum conspici posse Deum censet Plotinus, ut totum, sed ut totum omnia, imo ut totum nihil omnium, quod videatur ab oculo puro raptim, et statim aufugiat, aut a quo nos potius statim delabamur ; restet autem post iila coruscamina memoria nescio quæ ejus quod visum est, non aliud exhibens nobis quam bonum et unum, omnium principium, et nihil omnium quorum est principium. » (Dogmata theologica, t. I, p. 198.)