I. Y a-t-il des idées des individus [aussi bien que des espèces] ? Si je suis, avec un autre homme, ramené au monde intelligible, y trouverons-nous le principe individuel de chacun de nous ?
[Première hypothèse.] Si l’individu nommé Socrate est éternel, si l’âme individuelle de Socrate est Socrate même, l’âme de chaque individu est contenue dans le monde intelligible.
[Deuxième hypothèse.] Si au contraire l’individu nommé Socrate n’est pas éternel, si la même âme peut appartenir successivement à plusieurs individus, à Socrate, à Pythagore, etc., chaque individu n’a pas son idée dans le monde intelligible[2].
[Démontrons que la première hypothèse peut seule être admise.]
Si l’âme particulière de chaque homme contient les raisons séminales de toutes les choses qu’elle fait, chaque individu a son idée dans le monde intelligible : car nous admettons que chaque âme renferme autant de raisons séminales que le monde entier. Dans ce cas, comme l’âme con-
- ↑ Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre, à la fin du volume.
- ↑ Cette seconde hypothèse était soutenue par beaucoup de Platoniciens. Voy. Alcinoüs, De la Doctrine de Platon, chap. 9, p. 474. Pour l’exposé général des diverses opinions que les philosophes ont professées sur cette question, Voy. Jamblique, De l’Âme, § X, dans notre tome II, p. 646-647, et Énée de Gaza, Théophraste, également dans notre tome II, p. 683-685.