il renferme aussi celle de l’homme raisonnable et de l’artiste, par conséquent l’idée des arts qui sont engendrés par l’intelligence. Il faut donc admettre que l’on trouve dans le monde intelligible les idées des universaux (τὰ ϰαθ’ ὅλου (ta kath’ holou)), l’idée de l’homme même, par exemple, et non celle de Socrate. Il est néanmoins nécessaire d’examiner si l’on ne trouve pas aussi là-haut l’idée de l’homme individuel ὁ ϰαθ’ ἕϰαστα (ho kath’ hekasta)[1], c’est-à-dire de l’homme considéré avec les choses qui diffèrent dans chaque individu[2] : car l’un a un nez aquilin, par exemple, et l’autre un nez plat. On doit admettre que ces différences sont impliquées dans l’idée de l’homme, comme il y a des différences dans l’idée de l’animal ; mais c’est de la matière que vient que l’un a tel nez aquilin et l’autre tel nez plat. De même, parmi les variétés de couleur, les unes sont contenues dans la raison séminale, les autres dérivent de la matière et du lieu.
XIII. Il nous reste à dire s’il n’y a dans le monde intelligible que ce qui est dans le monde sensible, ou bien s’il faut distinguer l’âme particulière et l’âme même (αὐτοψυχή (autopsuchê)), l’intelligence particulière et l’intelligence même (αὐτονοῦς (autonous)), comme nous avons ci-dessus distingué l’homme particulier et l’homme même.
On ne doit pas regarder toutes les choses qui sont ici-bas comme des images d’archétypes, l’âme d’un homme comme une image de l’âme même. Il y a entre les âmes seulement des degrés divers de dignité : l’âme qui est ici-bas n’est pas l’âme même ; mais, comme elle existe d’une existence réelle, elle doit contenir aussi une certaine sagesse, une certaine justice, une certaine science, qui ne sont pas des images de la sagesse, de la justice et de la science intelligibles, comme les objets sensibles le sont