des objets intelligibles, mais qui sont ces mêmes choses placées ici-bas dans des conditions différentes d’existence : car elles ne sont pas circonscrites en un lieu. Aussi, quand l’âme sort du corps, elle conserve ces choses en elle : car le monde sensible n’existe que dans un lieu déterminé, tandis que le monde intelligible existe partout ; donc, tout ce que l’âme renferme en elle ici-bas est aussi dans le monde intelligible. Par conséquent si, par choses sensibles, on entend les choses visibles, non-seulement les choses qui sont dans le monde sensible sont dans le monde intelligible, mais il y en a d’autres encore là-haut. Si, au contraire, on comprend dans le monde sensible l’âme et ce qui lui appartient, toutes les choses qui sont là-haut sont aussi ici-bas.
XIV. Admettrons-nous que l’essence qui contient tous les intelligibles [c’est-à-dire l’Intelligence] est le Principe suprême ? Comment pourrions-nous le faire ? Le Principe suprême doit être essentiellement un, absolument simple, et les essences forment une multitude. — Mais, si les essences forment ainsi une multitude, comment cette multitude, comment toutes ces essences peuvent-elles exister ? Comment l’Intelligence est-elle toutes ces choses ? D’où procède-t-elle ? C’est une question que nous traiterons ailleurs[1].
On demandera peut-être encore si le monde intelligible comprend les idées des objets qui proviennent de la corruption, qui sont nuisibles ou désagréables[2], de la boue et des ordures, par exemple. Voici notre réponse : Toutes les choses que l’Intelligence universelle reçoit du Premier
- ↑ Voy. Enn. VI, liv. VII.
- ↑ Taylor propose de lire ici τεχνιϰῶν (technikôn) au lieu de χαλεπῶν (kalepôn) et traduit : « With respect, however, to things generated from putrefaction, and to things artificial. » Il est facile de reconnaître que cette conjecture est contraire au sens général de la phrase et à l’enchaînement des idées.