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CINQUIÈME ENNÉADE.


sont excellentes ; or, parmi elles, on ne trouve pas les idées de ces objets vils et sales qu’on a cités ; l’Intelligence ne les comprend pas. Mais, en recevant de l’Intelligence les idées, l’Âme reçoit aussi de la matière d’autres choses, parmi lesquelles se trouvent les accidents dont on parle. Du reste, pour bien résoudre cette objection, il faut recourir au livre où nous expliquons comment de l’Un procède la multitude des idées[1].

Concluons. Les composés accidentels où l’Intelligence n’est pour rien, et qui sont formés par un concours fortuit d’objets sensibles, n’ont pas d’idées qui leur correspondent dans le monde intelligible. Les choses qui proviennent de la corruption ne sont engendrées que parce que l’Âme est incapable de rien faire de meilleur dans ce cas ; sinon elle eût produit plutôt quelque objet conforme à la nature ; elle produit donc ce qu’elle peut.

Quant aux arts, tous ceux qui se rapportent aux choses naturelles à l’homme sont compris dans l’idée de l’homme même. L’art qui est universel est antérieur aux autres arts ; mais il est lui-même postérieur à l’Âme même, ou plutôt à la vie qui est dans l’Intelligence avant de devenir âme, et qui, devenant âme, mérite d’être appelée l’Âme même.


  1. C’est le titre du livre vii de l’Ennéade VI.