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LIVRE PREMIER.


Mais, nous répondra-t-on, la substance seconde est attribuée à la substance première dans un autre sens [que la qualité à la substance], comme genre, comme constituant une partie, comme étant ainsi l’essence du sujet, tandis que la blancheur est attribuée à une autre chose en ce sens qu’elle est dans un sujet[1]. On dira donc que ces choses ont des propriétés qui les distinguent des autres, on les rassemblera par conséquent en une unité et on les appellera substances ; cependant, on ne saurait en faire un genre, ni définir ainsi la notion et la nature de la substance.

Mais, en voici assez sur ce sujet. Passons à la quantité.

IV. [Quantité.] Les Péripatéticiens appellent quantité d’abord le nombre, puis la grandeur continue, l’espace et le temps[2]. Ils rapportent à ces choses les autres espèces de

    espèces où existent des substances qu’on nomme premières, et non-seulement les espèces, mais aussi les genres de ces espèces : par exemple, un homme est dans l’espèce homme ; mais le genre de l’espèce homme, c’est animal ; ainsi homme, animal, c’est ce qu’on appelle les substances secondes. » (Aristote, Catégories, II, ch. V, § 1-2 ; trad. de M. Barthélemy Saint-Hilaire, p. 60-61.)

  1. Toute substance semble désigner un objet réel. Pour les substances premières, il est incontestablement vrai qu’elles désignent quelque chose de réel, puisque ce qu’elles désignent est toujours un individu et une unité numérique. Quant aux substances secondes, bien qu’elles semblent, par la forme même de l’appellation, désigner aussi une chose spéciale, comme lorsqu’on dit homme, animal, ceci pourtant n’est pas exact. Elles désignent plutôt une chose qualifiée : en effet, le sujet ici n’est pas un comme la substance première, puisque homme, animal, se disent de plusieurs hommes, de plusieurs animaux. Pourtant, elles ne désignent pas non plus absolument une chose qualifiée, comme le ferait cette expression : le blanc ; le blanc ne désigne en effet rien de plus qu’une qualité. Mais le genre et l’espèce limitent la qualité à la substance, puisque le genre et l’espèce désignent une substance qualifiée de certaine manière. » (Aristote, Catégories, II, ch. V, § 16-17 ; trad. fr., p. 67-68.)
  2. « La quantité est soit définie (ou discrète), soit continue. Elle se compose de choses dont les parties ont entre elles un rapport