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SIXIÈME ENNÉADE.


donc que toutes choses forment une seule catégorie, puisque toutes les autres choses dont on dit : elles subsistent, doivent cette propriété à la substance ? — Dira-t-on que les autres choses sont des modifications (πάθη (pathê))[1], et que les substances sont subordonnées les unes aux autres d’une manière différente ? Mais, dans ce cas, nous ne pouvons pas encore nous arrêter à la substance et déterminer sa propriété fondamentale afin d’en déduire les autres substances. Les substances seront donc ainsi congénères, elles auront quelque chose qui sera en dehors des autres genres[2]. Que signifient alors ces expressions : essence (quiddité, τὸ τί (to ti)), forme déterminée (eccéité, τὸ τόδε (to tode)), être un sujet, n’être pas un sujet, n’être dans aucun sujet, n’être attribué à aucune autre chose[3] (quand on dit ; la blancheur est une qualité du corps, la quantité est quelque chose de la substance, le temps est quelque chose du mouvement, et le mouvement est quelque chose du mobile), puisque la substance seconde est attribuée à une autre chose[4] ? —

  1. « Si l’on supprime les attributs, il ne reste rien que la matière. Toutes les autres choses sont, ou bien des modifications, des actions, des puissances des corps, ou bien, comme la longueur, la largeur, la profondeur, des quantités, mais non des substances… Sous ce point de vue, la matière est nécessairement la seule substance ; et j’appelle matière ce qui n’a, de soi, ni forme, ni quantité, ni aucun des caractères qui déterminent l’être : car il y a quelque chose dont chacun de ces caractères est un attribut, quelque chose qui diffère, dans son existence, de l’être selon toutes les catégories. Tout le reste se rapporte à la substance, la substance se rapporte à la matière. » (Aristote, Métaphysique, VII, 3 ; trad. de MM. Pierron et Zévort, t. II, p. 7.)
  2. « Il n’y a pas de catégorie qui découle de la substance, parce qu’elle ne se dit d’aucun sujet. » (Aristote, Catégories, II, chap. v, § 15.)
  3. Voy. Aristote, Métaphysique, VII, 1, etc. ; Catégories, II, chap. 5.
  4. « La substance, dans l’acception la plus exacte, la substance première, la substance par excellence, est celle qui ne se dit point d’un sujet, et ne se trouve pas dans un sujet : par exemple, un homme, un cheval. On appelle substances secondes les