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SIXIÈME ENNÉADE.


nature : car ce qui a telle quantité sans être par son essence une quantité n’en a pas moins telle quantité. En effet, le temps n’est pas une quantité. La quantité, lors même qu’elle n’est pas unie à une autre chose, n’en est pas moins essentiellement la quantité.

Quant à cette assertion que la propriété de la quantité est d’être égale et inégale[1], cette propriété appartient à la quantité même, et non aux objets qui participent à la quantité, à moins que ce ne soit par accident, en tant que l’on ne considère pas ces objets en eux-mêmes : un objet de trois coudées, par exemple, est une quantité en tant qu’on le prend dans son ensemble ; mais il ne forme pas un genre avec la quantité même ; seulement il est ramené avec elle à une espèce d’unité, à une catégorie commune.

VI. [Relation.] Considérons maintenant la relation (τὸ πρὸς τι (to pros ti))[2]. Voyons s’il y a dans les relatifs quelque chose de commun qui constitue un genre ou qui aboutisse à l’unité d’une autre manière.

Examinons avant tout si la relation (dans gauche et droit, par exemple, double et moitié) est une espèce d’existence (ὑποστασίς (hupostasis)) ou une habitude (σχέσις (schesis) ; ou si elle est une espèce d’existence dans certaines choses tandis qu’elle n’est pas une existence dans d’autres, ou si plutôt elle n’est une espèce d’existence nulle part[3]. Qu’existe-t-il en effet de particulier dans le double et la moitié, dans ce qui surpasse et ce qui est surpassé, dans la possession, la disposition, le decubitus, la station, le séant, dans la condition

  1. Voy. Aristote, Catégories, II, chap. VI, § 26.
  2. « On appelle relatives les choses qui sont dites, quelles qu’elles soient, les choses d’autres choses, ou qui se rapportent à une autre chose, de quelque façon différente que ce soit. » (Aristote, Catégories, II, chap. VII, § 1.) Les exemples qui suivent sont empruntés à ce traité d’Aristote et à sa Métaphysique, V, 15.
  3. Cette objection de Plotin est citée et discutée par Simplicius dans son Commentaire des Catégories, folio 43, g.