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SIXIÈME ENNÉADE.


parties ou des espèces du lieu. La seule différence consiste dans une détermination plus grande. Si donc le haut, le bas, le milieu sont des lieux, comme Delphes, par exemple, est le milieu de la terre, comme Athènes, le Lycée et autres contrées sont près du milieu de la terre, qu’avons-nous à chercher outre le lieu, puisque nous disons que chacune de ces choses désigne un lieu[1] ? Si, quand nous disons , nous énonçons qu’une chose est dans une autre, nous n’énonçons pas une chose une et simple. En outre, toutes les fois que nous affirmons que tel homme est là, nous créons un double rapport, savoir le rapport de l’homme qui est là avec l’endroit où il est, et le rapport de ce qui contient avec ce qui est contenu : pourquoi donc ne ramènerions-nous pas cela au genre des relatifs, puisqu’il résulte quelque chose du rapport que chacun des deux termes a avec l’autre ? Ensuite, quelle différence y a-t-il à dire ici et à Athènes ? Les Péripatéticiens accordent qu’ici indique le lieu ; par conséquent, il en est de même de l’expression à Athènes. Si à Athènes équivaut à être à Athènes, cette dernière expression contient deux catégories, celle du lieu et celle d’être. Or, il ne doit pas en être ainsi, de même que l’on ne doit pas dire : La qualité est, mais seulement : La qualité. En outre, si être dans le lieu ou être dans le temps supposent d’autres catégories que le lieu et le temps, pourquoi être dans un vase ne constituerait-il pas aussi une catégorie à part ? Pourquoi n’en serait-il pas de même d’être dans la matière, d’être dans le sujet, et en général d’être une partie dans le tout, ou le tout dans les parties, le genre dans les espèces et l’espèce dans le genre ? Nous aurions de cette manière un bien plus grand nombre de catégories.

  1. Ces objections sont citées et discutées par Simplicius dans son Commentaire des Catégories, fol. 90, z, et fol. 91, b.