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SIXIÈME ENNÉADE.


un ; si l’on n’ajoute rien, on revient à l’Un absolu, qui ne peut s’affirmer de rien. Si l’on persiste à identifier l’un avec l’être, nous remarquerons que ce n’est plus l’Un premier. — Mais qui empêche que cet un ne soit l’Un premier, en faisant abstraction de l’Un absolu, puisqu’en parlant de l’Être qui est au-dessous de l’Un absolu nous disons qu’il est l’Être premier ? — C’est que le principe antérieur à l’Être premier [c’est-à-dire l’Un premier et absolu] n’est pas être ; sinon, l’Être qui est au-dessous de lui ne serait plus l’Être premier ; ici au contraire, l’Un qui est au-dessus de cet un est l’Un absolu. D’ailleurs, cet un qu’on ne séparerait de l’être que par la pensée n’admettrait pas de différences. Ensuite, ou cet un que l’on suppose exister dans l’être sera une conséquence de l’existence de l’être ainsi que de tous les êtres, et par suite, il leur sera postérieur : mais le genre doit être antérieur ; ou bien il sera contemporain de l’Être et des autres choses : mais le genre ne peut être contemporain des choses dont il est le genre ; ou bien enfin il sera antérieur à l’Être : mais alors il ne sera plus par rapport à l’Être que son principe, et s’il est son principe, il n’est pas un genre qui le contienne. S’il n’est pas genre par rapport à l’être, il ne l’est pas davantage par rapport aux autres choses ; autrement, il faudrait dire de l’Être aussi qu’il est un genre qui embrasse tous les autres.

L’un considéré dans l’Être paraît se rapprocher tout à fait de l’Un absolu et pour ainsi dire coïncider avec lui : car l’Être, en tant qu’il tend à l’Un, a un être qui est un ; mais en tant qu’il est postérieur à l’Un, il est toutes les choses qu’il peut être, il devient multiple. Or, tant que l’Être demeure un et ne se divise pas, il ne saurait constituer un genre.

X. En quel sens donc chacun des éléments de l’Être peut-il être dit un ? En ce qu’il est quelque chose d’un sans être l’Un même : car ce qui est quelque chose d’un est déjà