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SIXIÈME ENNÉADE.


rapport aux choses qui sont au-dessous de lui ; il ne sera donc ni genre de l’Être, ni genre des autres choses.

Si l’on faisait de l’un un genre, il ne pourrait l’être que par rapport aux choses dont chacune est dite une[1], comme si, par exemple, on séparait de l’essence l’unité qui s’y trouve. L’un serait alors le genre de certaines choses : car de même que l’Être est genre, non par rapport à toutes choses, mais par rapport aux espèces qui possèdent l’être, de même l’un serait genre par rapport aux espèces qui possèdent l’unité. Or cela ne se peut : car il n’y a pas une différence entre une chose et une autre par rapport à l’unité, comme il y en a une par rapport à l’être. — Si l’on applique à l’un [dira-ton] les mêmes divisions qu’à l’être, et si l’être est un genre parce qu’il se divise et qu’il se manifeste le même dans une pluralité de choses, pourquoi l’un, qui nous apparaît dans autant de choses que l’être et qui se divise comme lui, ne serait-il pas aussi un genre ? — C’est que lorsqu’une chose se retrouve dans plusieurs êtres, il ne s’ensuit nullement qu’elle soit un genre, soit par rapport aux êtres dans lesquels elle se trouve, soit par rapport à d’autres ; ce qui est commun à plusieurs êtres ne constitue pas nécessairement un genre. Le point se trouve dans toutes les lignes : est-il un genre pour les lignes ou pour quoi que ce soit ? L’unité, nous l’avons déjà dit, se trouve dans tout nombre, et cependant elle n’est point un genre pour les nombres ni pour aucune autre chose. Pour former un genre, il faut que ce qui est commun et un dans plusieurs choses admette des différences spécifiques, constitue des espèces et s’affirme de l’essence. Mais quelles différences spécifiques trouve-t-on dans l’un ? Quelles espèces forme-t-il ? Si l’on répondait qu’il forme les mêmes espèces que l’être, c’est qu’alors il se confond avec l’être ;

  1. Voy. le passage d’Aristote cité ci-dessus p. 220, note 2.