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LIVRE DEUXIÈME.


ce n’est plus [comme nous l’avons déjà dit] qu’un autre nom de l’être ; or l’être suffit.

XI. Il nous faut rechercher comment l’un subsiste dans l’être, comment ils se divisent tous deux, et en général comment se divisent les genres, et si ces deux divisions sont identiques ou différentes.

Pour résoudre ces questions, demandons-nous d’abord comment en général une chose quelconque est dite une et est une, ensuite si l’on dit dans le même sens que l’être est un et dans quel sens on le dit alors. Évidemment, un n’est pas le même pour tout : car on ne peut l’entendre de la même manière quand il s’agit des choses sensibles et quand il s’agit des choses intelligibles, pas plus que l’être n’est identique pour ces deux ordres de choses ou même pour les choses sensibles comparées entre elles. L’idée d’un n’est pas la même quand il s’agit d’un chœur, d’une armée, d’un vaisseau ou d’une maison ; elle l’est encore moins quand il s’agit d’une de ces choses et quand il s’agit d’objets continus. Et cependant, toutes choses imitent par leur unité le même archétype, les unes de plus loin, les autres de plus près ; l’Intelligence est assurément ce qui se rapproche le plus de l’Un absolu : car bien que déjà l’Âme soit une, l’Intelligence l’est beaucoup plus : elle est l’Être un.

Est-ce donc qu’en exprimant l’être de chaque chose nous exprimons en même temps l’unité qu’elle possède, de telle sorte qu’autant elle peut avoir d’être, autant elle a d’unité ? Ou bien cela a-t-il lieu sans qu’une chose ait toujours l’unité en proportion de l’être ? Oui : car il est possible qu’une chose ait moins d’unité sans avoir pour cela moins d’être : une armée, un chœur n’ont pas moins d’être qu’une maison et cependant on y trouve moins d’unité. L’un qui est dans chaque chose paraît donc aspirer au Bien, qui a plus d’unité[1] ; plus une chose se rapproche du

  1. Voy. ci-après le livre IX, § 1.