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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/288

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LIVRE DEUXIÈME.


comme un, nous faisons ressortir son étroite affinité avec le Bien. L’Être ainsi conçu devient un ; il a dans l’Un son principe et sa fin[1] ; cependant il n’est pas un comme l’Un même, mais plutôt d’une manière différente, en ce sens que l’unité de l’Être admet l’antériorité et la postériorité. Qu’est donc l’unité de l’Être ? Ne doit-elle pas être envisagée comme semblable dans toutes les parties de l’Être, comme quelque chose de commun à toutes ? [et par conséquent comme formant un genre] ? — Mais d’abord, le point est aussi quelque chose de commun à toutes les lignes, et cependant il n’est pas un genre ; dans les nombres, l’un est également quelque chose de commun à tous, et il n’est pas plus un genre. En effet, l’un qui se retrouve dans la monade, dans la dyade et dans les autres nombres, ne peut être confondu avec l’un en soi. Ensuite, rien n’empêche qu’il n’y ait dans l’Être des parties antérieures et d’autres postérieures, de simples et de composées [or il n’en peut être ainsi pour l’Un en soi]. Et lors même que l’unité que l’on retrouve dans toutes les parties de l’Être serait partout identique, par cela même qu’elle n’offrirait aucune différence, elle ne pourrait engendrer des espèces, par conséquent elle ne saurait être un genre.

XII. Nous admettons qu’en tendant vers l’Un tout tend vers le Bien. Mais comment se peut-il que, pour le nombre, qui est inanimé, le bien consiste aussi à être un[2] ? Et cette question peut se faire également au sujet de tous les autres êtres inanimés. Si l’on nous disait que de tels êtres ne possèdent pas l’existence, nous répondrions que nous traitons ici des êtres en tant que chacun d’eux est un. Si l’on nous demandait comment le point peut partici-

  1. Nous lisons avec Creuzer : ϰαὶ ἕν αὐτῷ ὡς ἀρχὴ ϰαὶ τέλος (kai hen autô hôs archê kai telos), que donnent tous les manuscrits, au lieu de : ϰαὶ ἐν αὐτῷ (kai en autô), leçon suivie par Ficin dans sa traduction. Le sens est d’ailleurs le même.
  2. Voy. Aristote, Métaphysique, liv. XIV, chap. 6.