Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
SIXIÈME ENNÉADE.


per du bien, nous demanderions à notre tour s’il s’agit du point en soi, et alors nous répondrions que c’est la même question que pour les autres choses de la même espèce ; mais s’il s’agit du point considéré comme existant dans quelque objet, dans le cercle par exemple, nous dirons qu’alors pour lui le bien est le bien du cercle même ; que c’est là le but auquel il aspire, et qu’il y tend autant qu’il le peut par l’intermédiaire du cercle.

Mais comment se représenter de tels genres ? Ces genres sont-ils tous susceptibles d’être divisés, ou bien sont-ils tout entiers dans chacun des objets qu’ils comprennent, et alors comment l’un s’y trouve-t-il ? L’un s’y trouve comme genre, de même que le tout se trouve dans une pluralité. — L’un ne se trouve-t-il donc que dans les objets qui participent de lui ? Il se trouve non-seulement dans ces objets, mais encore en soi. Ce point sera d’ailleurs éclairci plus tard.

XIII. Maintenant, pourquoi ne mettons-nous pas la quantité au nombre des genres premiers ? Pourquoi n’y mettons-nous pas non plus la qualité[1] ?

La quantité n’est pas un genre premier comme les autres que nous avons admis, parce que les genres premiers coexistent avec l’être [ce qui n’a pas lieu pour la quantité]. En effet, le mouvement est inséparable de l’être : il en est l’acte, il en est la vie ; la stabilité est impliquée dans l’essence ; l’identité, la différence sont encore plus inséparables de l’être ; de sorte que toutes ces choses s’aperçoivent à la fois. Quant au nombre [qui est la quantité discrète], il est quelque chose de postérieur. Bien plus, le nombre est postérieur à la fois à ces genres et à lui-même : car les

  1. Dans cette discussion, Plotin a pour but d’établir que la qualité, la quantité, et les autres catégories d’Aristote ne s’appliquent pas à l’être intelligible, mais seulement à l’être sensible. Sur ce dernier point, Voy. le livre suivant.