Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
LIVRE DEUXIÈME.


nombres se suivent les uns les autres ; le second dépend du premier et ainsi de suite ; les derniers sont contenus dans les premiers. On ne saurait donc mettre le nombre au rang des genres premiers. On peut même douter que la quantité puisse être genre à aucun titre. En effet, l’étendue [qui est la quantité continue] offre plus encore que le nombre les caractères de composition, de postériorité. Dans l’idée d’étendue il entre, avec le nombre, la ligne, ce qui fait deux éléments, et de plus la surface, ce qui fait trois[1]. Si donc c’est du nombre que la grandeur continue tient d’être une quantité, comment cette grandeur serait-elle un genre quand le nombre ne l’est pas ? D’un autre côté, dans les grandeurs comme dans les nombres, il y a antériorité et postériorité. Mais si les deux sortes de quantités ont cela de commun d’être des quantités, il faut rechercher ce que c’est que la quantité, et quand nous l’aurons trouvé, nous pourrons en faire un genre secondaire ; mais elle ne saurait prendre rang parmi les genres premiers. Et si la quantité est un genre sans être un des genres premiers, il nous reste à chercher auquel des genres soit premiers, soit inférieurs, il faut la ramener.

Il est évident que la quantité nous fait connaître le quantum d’une chose, nous permet de mesurer le quantum de chaque chose ; elle est elle-même un certain quantum. Or c’est là ce qu’on trouve de commun entre le nombre [qui est la grandeur discrète] et la grandeur continue[2]. Mais le nombre est antérieur, et la grandeur continue en procède ; le nombre consiste dans un certain mélange du mouvement et du repos ; la grandeur continue est un certain mouvement ou provient du mouvement : le mouvement la produit en s’avançant à l’infini, mais le repos l’arrête dans sa marche, le limite et crée l’unité. Au reste, nous expliquerons dans la suite la génération du

  1. Voy. ci-après p. 240.
  2. Voy. ci-dessus p. 165, note 3.