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SIXIÈME ENNÉADE.


et par la lumière qui l’environnent tu distingues ce que renferme l’Intelligence, tu vois s’épanouir la qualité. — Avec la continuité de l’acte apparaît à ton regard la grandeur à l’état de repos. Comme il y a un et deux et par suite trois, la grandeur se présente comme la troisième chose avec la quantité universelle[1]. — Or, dès que la qualité et la quantité se montrent à nous, et s’unissent, se fondent en quelque sorte en une seule chose, tu vois la figure. — Alors vient la Différence qui divise la qualité et la quantité : de là les diverses qualités et les différences de figure. — La présence de l’Identité fait l’égalité, et celle de la Différence l’inégalité, dans la quantité, dans le nombre, dans la grandeur en général : de là le cercle, le quadrilatère et les figures composées de choses inégales ; de là les nombres semblables et différents, pairs et impairs.

Ainsi la Vie intellectuelle, l’acte parfait, embrasse toutes les choses que notre esprit conçoit maintenant, toutes les œuvres intellectuelles ; elle contient dans sa puissance toutes choses à titre d’essences et de la manière dont les possède l’Intelligence. Or celle-ci les possède par la pensée, pensée qui n’est pas discursive [mais intuitive]. La Vie intellectuelle possède donc toutes les choses dont il y a des raisons [des idées] ; elle est elle-même une Raison unique, grande, parfaite, qui renferme toutes les raisons[2], qui les parcourt avec ordre en commençant par les premières, ou plutôt qui les a parcourues de tout temps, en sorte qu’on ne peut jamais dire avec vérité qu’elle les parcourt[3] : car toutes les choses que le raisonnement nous fait saisir en quelque partie que ce soit de l’univers, on trouve que l’Intelligence les possède sans raisonnement ; il semble que ce soit l’Être même qui [étant identique à l’Intelligence] ait fait raisonner ainsi l’Intelligence [ait produit ses con-

  1. Voy. ci-dessus p. 220.
  2. Voy. Enn. III, liv. II, § 16 ; t. II, p. 60.
  3. Voy. Enn. IV, liv. VIII, § 8 ; t. II, p. 228.