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LIVRE TROISIÈME.

comme nous l’avons fait d’abord, placer au premier rang les corps simples, puis, considérant leurs mixtions, partir d’un autre principe pour déterminer les différences qu’offrent les composés sous le rapport de leur figure ou de leur lieu ; de cette manière, on les partagerait en corps célestes, par exemple, et corps terrestres.

Nous terminerons ici ce que nous avions à dire de la substance sensible ou génération.

XI. [Quantité.] Passons à la quantité et aux quantitatifs. En traitant de la quantité, nous avons déjà dit qu’elle consiste dans le nombre et la grandeur, en tant que chaque chose a telle quantité, c’est-à-dire dans le nombre des choses matérielles et dans l’étendue du sujet[1]. Ici en effet nous ne traitons pas de la quantité abstraite, mais de la quantité qui fait dire qu’un morceau de bois a trois coudées, que des chevaux sont au nombre de cinq. On doit donc, comme nous l’avons expliqué, appeler quantitatifs l’étendue et le nombre [considérés ainsi au point de vue concret] ; mais on ne saurait donner ce nom ni au temps ni au lieu : le temps, étant la mesure du mouvement[2], rentre dans la relation ; et le lieu, étant ce qui contient le corps[3], consiste dans une manière d’être, par conséquent dans une relation.

  1. Voy. ci-dessus le livre i, § 4, p. 155-159. La définition que Plotin donne ici de la quantité est conforme à celle d’Aristote (Voy. ci-dessus p. 155, note 2). Mais notre auteur s’écarte de la doctrine péripatéticienne en ce qu’il renvoie le temps et le lieu à la relation.
  2. Voy. ci-dessus p. 159-160, et p. 256-257. Aristote dit à ce sujet : « On dit que le mouvement et le temps ont une quantité, qu’ils sont continus, à cause de la divisibilité des êtres dont ils sont des modifications ; divisibilité, non point de l’être en mouvement, mais de l’être auquel s’est appliqué le mouvement. C’est parce que cet être a quantité qu’il y a quantité aussi pour le mouvement ; et le temps n’est une quantité que parce que le mouvement en est une. » (Métaphysique, liv. V, chap. 13 ; trad. fr., t. I, p. 82.)
  3. Voy. ci-dessus § 5, p. 257 ; et Enn. III, liv. VI, § 17, t. II, p. 164.