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SIXIÈME ENNÉADE.

secs et froids, froids et humides, ou de toute autre manière qu’on voudra en prenant deux qualités à la fois, puis faire de ces choses une composition et une mixtion, et s’arrêter au composé ; ou bien encore distinguer les corps en terrestres et habitant sur la terre ; ou bien les distribuer d’après leurs formes et les différences des animaux, en classant non les animaux mêmes, mais leurs corps, qui sont comme leurs instruments[1]. Il est convenable d’établir une différence d’après les formes, comme il est également raisonnable de diviser les corps d’après les qualités, la chaleur, le froid, etc. Si l’on objecte que les corps sont constitués plutôt par leurs qualités, nous répondrons qu’ils sont constitués aussi par leurs mixtions, leurs couleurs et leurs figures. Lorsqu’on traite de la substance sensible, il n’est pas déraisonnable de la diviser d’après les différences qui tombent sous les sens. Cette substance ne possède pas l’existence véritable ; c’est l’ensemble de la matière et des qualités qui constitue l’être sensible, puisque nous avons dit que son existence apparente consiste dans l’union de choses qui sont perçues par les sens[2], et que c’est d’après le témoignage de leurs sens que les hommes croient à l’existence de ces choses.

La composition des corps étant très-variée, on peut les classer d’après les formes spécifiques des animaux ; telle est, par exemple, la forme spécifique de l’homme unie à un corps : car cette forme est une qualité du corps et il est raisonnable de diviser d’après les qualités. Si l’on nous objecte que nous avons dit plus haut que les corps sont les uns simples, les autres composés, opposant ainsi les simples aux composés, nous répondrons que nous avons dit aussi qu’ils sont bruts ou organisés, sans avoir égard à leur composition. On ne doit pas fonder la division des corps sur l’opposition du simple au composé, mais on peut,

  1. Voy. t. I, p. 40, note 2.
  2. Voy. ci-dessus § 8, p. 262.