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SIXIÈME ENNÉADE.

on l’applique aux grandeurs. Si les grandeurs qu’on nomme semblables sont identiques, il faut considérer alors les autres propriétés de la quantité et de la qualité qui peuvent se trouver en elles [afin d’en bien saisir la différence]. On peut dire encore que le terme de similitude s’applique au genre de la quantité en tant que celui-ci contient des différences [qui distinguent entre elles les grandeurs semblables].

En général, il faut placer les différences qui complètent l’essence avec ce dont elles sont des différences, surtout quand une différence appartient à un seul sujet. Si une différence complète l’essence d’un sujet et ne complète pas l’essence d’un autre, on doit placer cette différence avec le sujet dont elle complète l’essence, et considérer en lui-même celui dont elle ne complète pas l’essence : et par compléter l’essence, je n’entends pas compléter l’essence en général, mais compléter telle essence, de manière que le sujet appelé tel n’admette plus aucune addition essentielle. Nous avons donc le droit de dire que des triangles, des quadrilatères sont égaux, aussi bien que des surfaces et des solides, et que la propriété de la quantité est de pouvoir être dite égale et inégale. Quant à la question de savoir s’il n’y a que la qualité qui puisse être dite semblable et dissemblable, elle nous reste encore à résoudre[1].

En traitant des choses qualifiées, nous avons déjà expliqué que la matière unie à la quantité et prise avec les autres choses constitue la substance sensible, que cette substance paraît être un composé de plusieurs choses, qu’elle n’est pas proprement une quiddité (τί (ti)), mais plutôt une chose qualifiée (ποιόν (poion))[2]. La raison [séminale], celle du feu,

  1. Pour résoudre cette question, Plotin va montrer que le terme de similitude s’applique non-seulement à deux objets qui ont la même qualité, mais encore à deux êtres dont l’un est l’image de l’autre, comme le portrait est l’image de la forme corporelle, la forme corporelle l’image de la raison séminale, et la raison séminale l’image de l’idée.
  2. Voy. ci-dessus § 8, p. 262.