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LIVRE TROISIÈME.

soit pas un mouvement ? Est-ce parce que ce qui est engendré n’existe pas encore et que le mouvement ne saurait exister dans le non-être ? Il en résultera que la génération ne sera pas non plus un changement. Est-ce parce que la génération n’est qu’une altération et un accroissement, et qu’elle suppose que certaines choses sont altérées et s’accroissent ? Parler ainsi, c’est s’occuper des choses qui précèdent la génération. Pour qu’il y ait ici génération, il faut qu’il y ait production d’une autre forme : car la génération ne consiste pas dans une altération subie passivement, telle qu’être échauffé ou être rendu blanc ; ces effets peuvent être produits avant que la génération ne soit réalisée. Que se passe-t-il donc alors dans la génération ? Il y a altération. La génération consiste dans la production d’un animal ou d’une plante, dans la réception d’une forme. Il serait donc plus raisonnable de faire du changement une espèce que du mouvement, parce que le mot changement signifie qu’une chose prend la place d’une autre, tandis que mouvement signifie l’acte par lequel un être passe de ce qui lui est propre à ce qui ne l’est pas, comme dans la translation d’un lieu à un autre. Si l’on n’admet pas cela [pour définir le mouvement], on reconnaîtra du moins que l’action d’étudier, celle de toucher de la lyre, et, en général, tous les mouvements qui modifient une habitude, rentrent dans notre définition. L’altération (ἀλλοίωσις (alloiôsis)) ne saurait donc être qu’une espèce de mouvement, puisqu’elle est un mouvement qui fait passer d’un état à un autre (ἐϰστατιϰὴ ϰίνησις (ekstatikê kinêsis))[1].

XXII. Admettons que l’altération soit la même chose

  1. L’altération est le changement dans la catégorie de la qualité. La qualité y passe d’un contraire à l’autre ; par exemple, de la chaleur en puissance à la chaleur en acte, etc. L’être inanimé et l’être animé sont également susceptibles d’être altérés. Voy. Aristote, De la Génération, I, 4, et Physique, VII, 2, etc.