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LIVRE QUATRIÈME.

pas notre monde dans cet Être véritablement universel comme dans un lieu, si vous entendez par lieu la limite du corps contenant en tant qu’il contient, ou bien un espace qui avait auparavant et qui a encore pour nature d’être le vide ; mais concevez que le fondement sur lequel repose notre monde est dans l’Être qui existe partout et qui le contient ; représentez-vous leur rapport uniquement par l’esprit, en écartant toute dénomination de lieu[1]. En effet, quand on parle de lieu, c’est uniquement par rapport à notre monde visible ; mais l’Être universel, étant premier et possédant l’existence véritable, n’a pas besoin d’être dans un lieu ni dans quoi que ce soit[2]. Étant universel, il

    ment du § 3 de notre auteur est-il cité et commenté par le P. Thomassin : « Censebant Platonici Deum esse in semetipso. Quum enim creatures omnes tota æternitate antecedat, non poterant interim sedem aut locum præbere eis quæ non erant. Plotinus : Est verum universum, etc. Quum rursus Eus summum non possit esse in non ente ; omnis autem creatura et ante conditum suum sit merum non ens, et post umbra sit magis et ludibrium entis quam ens, et mera pronitas in non ens : summo nimirum Enti stabilior sedes comparanda est, ipsamet sibi. Idem Plotinus ibidem : Quod dicitur universum illud ubique esse, intelligendum est in ipso Ente existere, id est, in seipso. Sic ille etiam condito orbe Deum in seipso solum et secretum perstitisse tradit, nec ipsum infudisse se orbi, sed orbem ei affusum adhæsisse. » (Dogmata theologica, t. I, p. 245.) Voy. encore ci-après, p. 342.

  1. On trouve les mêmes idées exprimées presque dans les mêmes termes dans le passage suivant de Fénélon : « Mais refuserai-je de dire qu’il est partout ? Non, je ne refuserai point de le dire, s’il le faut, pour m’accommoder aux notions populaires et imparfaites. Je ne lui attribuerai point une présence corporelle en chaque lieu : car il n’est point une superficie contiguë à la superficie des autres corps ; mais je lui attribuerai, par condescendance, une présence d’immensité, etc. » (De l’Existence de Dieu, 2e partie, ch. v, art. 4.)
  2. Voy. le développement de cette pensée dans Porphyre, Principes de la théorie des intelligibles, § xxxvi (dans notre tome I, p. lxxvi). On peut rapprocher aussi de ces lignes le passage suivant de S. Augustin : « Est ergo Deus per