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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/369

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SIXIÈME ENNÉADE.

ne saurait se manquer à lui-même, il se remplit lui-même, il est égal à lui-même, il est où est l’universel puisqu’il est lui-même l’universel. Ce qui a été édifié sur l’universel, étant autre que lui, participe de lui et approche de lui, reçoit de lui sa force, non qu’il le divise, mais parce qu’il le trouve en soi, qu’il s’approche de lui, puisque l’Être universel n’est pas hors de lui-même : car il est impossible que l’Être soit dans le non-être ; c’est le non-être au contraire qui doit subsister dans l’Être, par conséquent s’unir à l’Être tout entier. L’universel, nous le répétons, ne saurait se séparer de lui-même, et si l’on dit qu’il est partout, c’est en ce sens qu’il est dans l’Être, c’est-à-dire en lui-même[1]. Il n’est pas étonnant que ce qui est partout soit dans l’Être et en lui-même : car ce qui est partout est dans l’Un. Mais nous, nous figurant que l’Être dont il s’agit ici est l’être sensible, nous croyons qu’il est également partout ici-bas ; et, comme l’être sensible est grand, nous nous demandons comment l’Essence intelligible peut s’étendre dans ce qui a une telle grandeur[2]. Dans la réalité,

    cuncta diffusus… Sed sic est Deus per cuncta diffusus, ut non sit qualitas mundi, sed substantia creatrix mundi, sine labore regens, et sine onere continens mundum. Non tamen per spatia locorum, quasi mole diffusa, ita ut dimidio mundi corpore sit dimidius, et in alio dimidio dimidius, atque ita per totum totus ; sed in solo cœlo totus, et in sola terra totus, et in cœlo et in terra totus, et nullo contentus loco, sed in seipso ubique totus. » (Lettre clxxxvii, De la présence de Dieu, § 14.)

  1. Voy. le passage du P. Thomassin cité ci-dessus p. 306, note 1.
  2. On retrouve les mêmes idées dans le passage suivant de S. Augustin : « Quum ergo sit corpus aliqua substantia, quantitas ejus est in magnitudine molis ejus ; sanitas vero ejus non quantitas, sed qualitas ejus est. Non ergo potuit obtinere quantitas corporis quod potuit qualitas. Nam ita distantibus partibus, quæ simul esse non possunt, quoniam sua quaeque spatia locorum tenent, minores minora, et majora majores, non potuit esse in singulis quibusque partibus tota vel tanta ; sed amplior est quantitas in amplioribus partibus, brevior in brevioribus, et in nulla parte