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LIVRE QUATRIÈME.

tout entier dans chacun d’eux. Il est donc partout le même et numériquement un, sans se diviser, mais toujours présent tout entier.

XIII. D’où vient donc l’étendue dans notre univers et dans les animaux ? — Le monde de la vie n’a point d’étendue. La sensation, dont le témoignage nous empêche de croire ce qui nous est dit à cet égard, nous fait voir le monde de la vie ici et là. Mais la raison nous dit que, si nous le voyons ainsi, ce n’est pas qu’il soit en effet étendu ici et là, c’est que tout ce qui est étendu a participé au monde de la vie qui n’a cependant aucune étendue.

Quand un être participe à quelque chose, évidemment il ne participe pas à lui-même : car de cette manière il ne participerait réellement à rien, il resterait ce qu’il est. Il faut donc que le corps qui participe à quelque chose ne participe pas à la nature corporelle : car il la possède déjà ; par conséquent, le corps ne participera pas à la nature corporelle, pas plus qu’une grandeur ne participera à la grandeur, puisqu’elle la possède. Admettons même qu’une grandeur soit augmentée, elle ne participera pas pour cela à la grandeur : car l’objet qui a deux coudées ne devient pas un objet de trois coudées, mais l’objet qui avait telle quantité a ensuite telle autre quantité ; sinon, deux deviendrait trois. Ainsi, puisque ce qui est étendu et divisé participe à un genre différent, et même très-différent, la chose à laquelle il participe doit n’être ni divisée ni étendue, n’avoir absolument aucune espèce de quantité. Il faut, par conséquent, que l’Être qui est partout présent tout entier soit présent en demeurant indivisible. Il n’est pas indivisible en tant que petit : car il n’en serait pas moins divisible ; seulement, il ne se proportionnerait plus à l’univers, il ne se répandrait pas dans la masse corporelle à mesure qu’elle s’augmente. Il ne ressemble pas non plus à un point : car la masse corporelle n’est pas un point, mais elle renferme une infinité de points ; ainsi, ce qu’on supposerait être un