Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
335
LIVRE QUATRIÈME.

tel ne perçoit que le son, tel autre entend aussi le sens. Une fois que l’animal a été engendré, il possède présente en lui une âme qu’il tient de l’Être universel, et par laquelle il se rattache à cet Être parce qu’alors il a un corps qui n’est point vide ni inanimé. Ce corps n’était pas auparavant dans un lieu inanimé, et [quand il a été engendré] il n’a fait que se rapprocher davantage de l’âme par son aptitude [à recevoir la vie] ; il est devenu non-seulement un corps, mais encore un corps vivant ; à la faveur du voisinage où il était de l’âme, il en a reçu un vestige, et par là je n’entends pas une partie de l’âme, mais une sorte de chaleur ou de lumière qui a émané d’elle et qui a engendré en lui des désirs, des plaisirs et des douleurs[1]. Le corps de l’animal ainsi engendré n’était donc pas un corps étranger [à la vie]. L’âme, issue du principe divin, demeurait tranquille selon sa nature, et subsistait en elle-même, lorsque le corps, troublé par sa faiblesse propre, s’écoulant de lui-même et assailli par les coups qui lui venaient du dehors, a fait pour la première fois entendre sa voix dans cette partie de l’animal qui est commune à l’âme et au corps, et a communiqué son trouble à l’être vivant tout entier[2].

    et per fenestras domorum ; sed potius, si quemlibet sonum, quum corporea res sit ac transitoria, surdus non capit, surdaster non totum capit, atque in bis qui audiunt, quum pariter ei propinquant, tanto magis alius alio capit, quanto est acutioris, tanto autem minus, quanto est obtusioris auditus, quum ille non varie magis minusve insonet, sed in eo loco in quo surit, omnibus æqualiter præsto sit ; quanto excellentes Deus natura incorporea et immutabiliter viva, qui non sicut sonus per moras temporum tendi el dividi potest, nec spatio aerio tanquam loco suo indiget, ubi præsentibus præsto sit, sed æterna stabilitate in seipso manens, totus adosse rebus omnibus potest, et singulis totus, quamvis in quibus habitat habeant eum pro suæ capacitatis diversitate, alii amplius, alii minus, quos ipse sibi dilectissimum templum gratia suæ bonitatis ædificat ! » (Lettre clxxxvii, § 19.)

  1. Voy. Enn. IV, liv. IV, § 29 ; t. II, p. 377.
  2. Voy. Enn. I, liv. I, § 9 ; t. I, p. 45.