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SOMMAIRES.


particulières, et en puissance l’intelligence universelle. On voit par là que le genre, en tant que genre, est en puissance toutes les espèces qu’il contient, tandis que les espèces, en tant qu’elles existent dans le genre qui les contient, sont ce genre en puissance.

(XXI) Si l’on examine comment l’Intelligence, tout en restant une, produit les choses particulières, on voit comment des genres premiers proviennent les genres inférieurs.

1° En se contemplant, l’Intelligence voit en elle toutes les choses qu’elle contient : elle a ainsi le Nombre, parce qu’elle est une et plusieurs. 2° Elle est plusieurs sous ce rapport qu’elle possède des puissances nombreuses, inaltérables, infinies : or l’infinité, c’est la Grandeur. 3° À l’aspect de cette grandeur, de la beauté de l’essence, on voit s’épanouir la Qualité. 4° L’union de la Qualité et de la Quantité nous découvre la Figure. 5° La division que la Différence introduit dans la Quantité et la Qualité engendre les différences des figures et les autres qualités. 6° L’Identité introduit l’égalité, et la Différence l’inégalité dans le nombre et dans la grandeur : d’où les nombres pairs et impairs, les cercles et les figures composées d’éléments inégaux. — Ainsi, par sa vie intellectuelle, l’Intelligence contient en elle-même et embrasse d’un seul regard toutes les essences, que découvre successivement et imparfaitement la raison discursive. Puisque l’Intelligence est l’unité où existent conciliées ensemble dans une synthèse universelle toutes les essences éternelles, toutes les choses vivantes et animées, elle est en elle-même un Animal parfait ; et, pour l’être qu’elle engendre, elle est l’intelligible quand elle se découvre à lui.

(XXII) Cette doctrine est conforme à ce que Platon enseigne sur ce sujet dans le Timée et dans le Philèbe.


LIVRE TROISIÈME.
DES GENRES DE L’ÊTRE, III.

Genres de l’être sensible. (I) Il y a dans le monde sensible des genres de l’être analogues à ceux qui existent dans le monde intelligible. Pour les déterminer, il faut nettement séparer l’âme du corps.

(II) À l’être véritable et intelligible correspond la nature corporelle, qui s’appelle aussi essence, mais qu’on doit proprement nommer génération, parce qu’elle implique l’idée d’un écoulement perpétuel. En l’examinant, on voit que la division des genres de l’être sensible ne correspond pas à celle des genres de l’être intelligible.

(III) Tout ce qui se trouve dans le monde sensible peut être ramené à cinq genres : substance, quantité, qualité, mouvement et relation.

Substance. — (IV-V) On comprend sous le nom de substance la matière, la forme et le composé. Le caractère général de la substance dans ces trois